Alors que le premier ministre veut dissoudre les Soulèvements de la Terre et qu’une quinzaine de personnes ont été arrêtées un peu partout en France pour avoir participé à des actions organisées par le mouvement, petit retour en images sur la manifestation de Sainte-Soline du 25 mars.
Layla Staats, du peuple mohawk, Manuela Royo, chilienne, et Juan Pablo Gutierrez, porte-parole de l’Organisation des indigènes de Colombie, dans la petite salle des fêtes de Melle pleine à craquer. À la veille de la manifestation contre les méga-bassines, dans le marais poitevin, une table-ronde veut établir des alliances entre les « mouvements populaires et autochtones pour la défense des droits à l’eau ».
« Les peuples autochtones sont colonisés administrativement, politiquement, mais ce sont les seuls à ne pas l’être par la pensée. Ce que disent les rapports du Giec, c’est très vrai, mais nous, ça fait cinq siècles qu’on le dit, et que nos paroles passent pour des mythes, de la poésie... »
Juan Pablo Gutierrez
« L’un des espoirs que j’ai en venant ici, c’est que nous éliminions les divisions que le système a mises entre nous. »
Layla Staats
Une partie des manifestant·es a dormi au point de départ de la marche, sur un champ prêté par un paysan. Le réveil est… boueux.
La veille, les tracteurs de la Confédération paysanne ont réussi à rejoindre le site, malgré le blocage des gendarmes.
« On est venus en tracteur pour être visibles, pas pour pousser des flics, explique Alizée, l’une des coorganisatrices du cortège de la Confédération paysanne. Ce sont nos outils de travail, pas des tanks ! Parfois, ils servent aussi à tracter un plateau qui accueille un groupe de musique ou une structure. C’est alors comme un char de carnaval : festif. »
L’outarde, un échassier, est menacée par l’assèchement du marais.
Réparties en trois cortèges, 30 000 personnes ont marché vers le chantier de la mégabassine – un immense trou bétonné.
Les mégabassines pompent l’eau dans la nappe phréatique en hiver, asséchant le marais et les cours d’eau. Elles ne profitent qu’à une petite minorité d’agriculteurs. Les cortèges ont 6 km à parcourir, sur les chemins et à travers champs. Les gendarmes mobiles sont positionnés autour de la bassine, qui s’étend sur plus de 10 hectares.
Très vite, près de la bassine, c’est le chaos. Des petits groupes, en se protégeant de parapluies et boucliers de fortune, tentent de pénétrer sur le chantier. Juste derrière la « première ligne », un peu hébétées, des personnes qui n’ont pas l’habitude de cette violence tiennent bon. .
Les plus offensifs lancent des projectiles. Des camions de la gendarmerie sont en feu.
Grenades lacrymogènes, de désencercelement et tirs de LBD font des dégâts. Sans arrêt, on entend le cri : « Médic » ; on voit des mains pointées vers les blessés. Les « médic », soignant·es bénévoles, courent dans tous les sens.
Au bout d’un moment, la foule se retire. C’est la pause. Après discussion, il est décidé de ne pas se rapprocher de la bassine : trop de blessés.
Assis par terre, comme pour évacuer la tension, un jeune homme joue aux échecs, seul..
À l’angle d’un champ, dissimulé par une banderole et séparé des gendarmes par l’immense foule en bleus de travail, un petit groupe détruit l’une des canalisations qui devait permettre d’alimenter la bassine. « Ils ne pourront pas protéger comme ça toutes les bassines de France ! En même temps que notre encerclement, l’ensemble des points d’alimentation de la bassine ont été démantelés », annonce un jeune homme dans un haut-parleur.
Retour au campement, les chaussures lourdes de boue et de fatigue, démontage du camp… Et soirée à Melle, ou l’Intercantine en lutte a préparé un repas chaud.
Le lendemain, à la salle des fêtes, la confrontation avec les forces de l’ordre, son efficacité et ses dégâts humains sont collectivement mis en question. Sous un chapiteau, le public se serre pour écouter les chanteuses des chorales militantes.
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