Enseignante référente aux usages numériques, Monique Ducroux a « tout un passé radiophonique » derrière elle : « J’ai longtemps été bénévole dans une radio associative, et j’ai travaillé un an à Radio France », explique-t-elle. Pour faire travailler l’oral aux enfants des écoles en Rep+ (Réseau d’éducation prioritaire) de Villefranche-sur-Saône, elle a donc naturellement pensé à la radio. « Villefranche – les écoles ont de la voix » est née il y a environ trois ans.
Monique Ducroux concède que « ça n’a pas très bien marché », car de nombreux enseignants trouvent compliqué d’enregistrer le travail des enfants. « Mais le confinement est en train de modifier leur vision, estime-t-elle. Et en plus, les élèves se débrouillent : j’ai envoyé deux propositions de format pour qu’ils s’enregistrent sur les téléphones de leurs parents. Ils envoient leurs sons aux enseignants, qui font un premier tri et me transmettent. Moi, je mets en ligne tel quel, ou je fais un petit montage et, quand c’est un projet plus construit, je mixe avec une musique libre de droit. »
Même si les émissions ne sont pas aussi foisonnantes que l’aurait souhaité Monique, quelques enseignant·es se sont lancé·es dans des projets radio. L’école Jacques Prévert a ainsi réalisé un slam et prévoyait, avant le confinement, de produire plusieurs émissions au cours de l’année. « Ils ont travaillé avec la musicienne intervenante Alice Bramant sur le rythme, la diction, la création de jingle. Ils m’envoyaient des conducteurs, me demandaient des bruitages ou en créaient eux-mêmes. »
À Arles, l’association Phonurgia Nova, qui encourage la création sonore et radiophonique, a lancé un appel à contributions pour lancer Radio Labo, une « radio de dé-confinement » destinée notamment au public scolaire. « Le temps que ça se propage, les émissions ont commencé à arriver », indique Marc Jacquin. Acteurs culturels, enseignant·es, enfants… Tout le monde est invité à participer. « On a des contes, des journaux parlés, de l’autofiction, des jeux, des paysages sonores… C’est une radio qui se fabrique à la maison, avec le téléphone portable. »
Si tout va bien, Radio Labo ne devrait pas tarder à émettre, d’abord sur internet, puis sur les ondes FM, « si les conditions sont réunies : ça dépendra des énergies qui s’assembleront autour du projet ». Phonurgia Nova, qui organise des stages et formations, mettra à disposition son important fond sonore réalisé par ses stagiaires. Marc Jacquin a également repéré quelques contenus prometteurs, comme le journal de confinement « très intelligent » de « deux demoiselles de 8 et 11 ans » qui vivent à Arles.
LG