« Dans notre école du 13e arrondissement de Marseille, les familles des enfants sont plutôt défavorisées et il y a très peu de soignants. Nous sommes donc tous en télétravail. Le directeur de l’élémentaire fait des permanences deux fois par semaine pour donner des papiers aux familles, car beaucoup n’ont pas d’imprimante.

Il y a beaucoup de créativité et de coopération entre les enseignants dans notre circonscription. En règle générale, les bonnes idées viennent d’abord de la base. On fait des visioconférences entre enseignants, et avec notre inspectrice, une fois par semaine. Chez nous, les consignes de l’inspection académique sont claires : il faut maintenir le lien avec les familles, éviter la rupture, plutôt que d’entamer de nouveaux apprentissages.

Nous avons eu une grosse discussion car il y a pas mal d’utilisation de réseaux sociaux non légaux. L’inspection nous dit que nous devons utiliser les outils fournis par l’éducation nationale, qui respectent les règles de gestion des données. Les enseignants se sont tournés vers d’autres outils car ceux de l’éducation nationale étaient saturés, mais aussi parce que les familles sont souvent plus familières d’applications comme WhatsApp, que d’environnements de travail un peu plus compliqués. Il faut dire aussi que nous n’avons aucune formation à ça et que des collègues ne sont pas forcément équipés chez eux. On bricole avec les moyens du bord… mais finalement, ça fonctionne assez bien.

Nous avons 200 élèves à la maternelle, et il nous reste deux familles que nous n’arrivons pas à joindre. Pour les autres, ça a parfois été compliqué, mais on y est arrivé, par les voisins, la famille…

Ce qui fonctionne le mieux, ce sont les vidéos. Nous avons eu des problèmes pour mobiliser certains enfants, et le fait de voir leur enseignant les a remotivés. Nous faisons aussi des petits défis, et nous avons organisé un carnaval auquel toute l’école a participé : les enfants se sont déguisés chez eux et ont pris des photos…

On est en train de découvrir des choses que l’on va pouvoir réutiliser, après. On avait du mal à créer des liens avec certaines familles. On faisait passer des mots dans les cahiers, on les voyait tous les jours à l’école… mais ça ne marchait pas toujours. Avec les petites vidéos, des liens se créent. Et nous, on se rend compte que l’école a du sens pour eux, que ce n’est pas juste une garderie à leurs yeux. Ils se recentrent beaucoup sur leurs enfants. Même si ce n’est bien-sûr pas rose pour toutes les familles ! »

Une directrice d’école maternelle, Marseille 13e

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