En Drôme s’est tenu cet été un chantier participatif de construction d’une tiny house. Ces micro-maisons sur remorque comptent de plus en plus d’adeptes.
« Maintenant, je crois que je suis prêt. J’aurai toujours des questions, mais j’ai la chance d’être bien entouré et en cas de doute, je pourrai demander conseil».
Avec sa compagne Céline, Florian s’apprête à se lancer dans une drôle d’aventure. Cet informaticien de métier va construire une maison capable de tenir debout, sur une remorque, même à 80 km/h !
Ces habitats sont plus connus sous le nom de « Tiny Houses ». Des « Micro-maisons » d’une vingtaine de mètres carrés qui permettent à leurs occupants de s’installer où bon leur semble. Du moment qu’ils disposent d’un terrain plat et d’un véhicule capable de tracter 3,5 tonnes.
Auto-construire sa tiny house, c’est : « Avoir les ambitions de son portefeuille, explique Florian, qui a évalué le projet à 20 000 euros. Mais c’est aussi maîtriser ce qu’on fait, là où l’on va vivre, être capable de faire durer, de réparer ».
Recherche d’autonomie, donc, pour Céline et Florian, également attirés par la possibilité de mobilité offerte par la tiny, et tout ce que cela implique : « à la fois l’envie d’aller à l’essentiel, à quelque chose de simple, et aussi la possibilité de rejoindre des lieux où vivent des personnes qui partagent cette philosophie».
L’engouement pour les micro-maisons trouve son origine aux États-Unis, au début des années 2000, en réaction à la taille des maisons individuelles toujours plus démesurées(1). Le mouvement des Tiny-houses a traversé l’Atlantique il y a une petite dizaine d’années et trouve aujourd’hui un écho assez important en France, en particulier via internet (2). Des entreprises se sont spécialisées dans leur construction.
En revanche, l’auto-construction reste encore assez confidentielle, peut-être parce qu’elle exige certains savoir-faire qui diffèrent de la construction classique – fixation de l’ossature à la remorque, importance accordée au poids des matériaux…
Alors, quand les rares connaisseurs ouvrent leurs portes, le succès est au rendez-vous.
Cet été, j’ai dénombré sur internet seulement trois offres de chantiers participatifs en comptant la nôtre. Les deux autres ont rapidement affiché complet, et nous, on n’a refusé personne mais du coup, certains jours, on était vraiment trop nombreux !Nathalie
Savoir par quoi commencer
Nathalie et Siegfried sont en train de construire une seconde tiny house, qui abritera un atelier d’art au sein d’une ferme pédagogique à Beaumont-lès-Valence, en Drôme.
La première qu’ils ont construite, ils l’habitent. 21 m² douillets, parquet en pin, cuisine au propane, toilettes à séparateur d’urine, poêle à bois, panneau solaire, isolation en laine de mouton, mezzanine sous les lambris lasurés à l’huile de soja…
Un petit coin de paradis, qui leur a coûté 25 000 euros « et 4 mois de travail ! ».
Pour la seconde tiny, le couple a organisé un chantier participatif cet été afin de bénéficier des coups de main bénévoles, en échange de la transmission de leur expérience. Florian, l’informaticien, faisait partie de la trentaine de personnes qui sont venues mettre la main à la pâte.
« Ça m’a permis de mettre des mots et des images sur quelque chose qui m’apparaissait très théorique jusque-là.
Je me suis surtout rendu compte de l’importance qu’il faut donner à l’organisation du chantier, surtout quand on n’a pas d’expérience, comme moi.
Savoir par quoi commencer, qu’est-ce qu’il faut faire précisément et dans quel ordre. »
Concevoir et construire
L’aménagement du plancher sur la remorque ; la construction au sol des quatre murs de la maison ; leur dressage et leur fixation à la remorque ; la pose de la faîtière et des chevrons ; l’isolation ; la pose du pare-pluie, du pare-vapeur…
« Je ne dirais pas que c’est simple, il y a beaucoup d’éléments à prendre en compte », mais, bien entouré, Florian se sent désormais prêt à prendre les rênes de son propre chantier, début octobre.
Pour conclure, il pourra ainsi réaliser la micro-maison dont il aura lui-même dessiné les plans :
Cela fait 4 mois qu’on mûrit le projet avec ma compagne. On a utilisé un logiciel de modélisation 3D pour réaliser les plans de la maison (3).
Cela permet également d’avoir des plans d’exécution, d’évaluer les ressources nécessaires, notamment la quantité de bois.
Je pense que c’est une étape indispensable quand on est novice.
Fabien Ginisty
(1) La taille moyenne d’une maison unifamiliale étasunienne est de 230 m2, selon un article du Financial Times cité par la page Wikipedia sur le « mouvement des micro-maisons ». À titre de comparaison, l’Insee évalue à 112 m² la taille moyenne d’une maison en France.
(2) On citera notamment https://tinyhousefrance.org/
(3) SketchUp est un logiciel de modélisation 3D « grand public » souvent utilisé par les particuliers. Ce n’est pas un logiciel libre.
Certaines fonctionnalités sont en accès gratuit.
Sommaire du numéro 123 – Octobre 2017 :
- Allemagne : Chasse au vote xénophobe
- Tiny house : Construire sa micro maison, un chantier de taille
- AGRICULTURE LÉGUMINEUSES : « Nourrir nos animaux … et nos concitoyens »
- Musique : Des rappeurs rendent hommage à Colette Magny
- Montreuil : Le fromager qui fait du social
- Portfolio : Une cité sarde aux couleurs de la révolte
- LES ACTUALITÉS
– Aides à la bio : « à n’y rien comprendre »
– Vent favorable contre EuropaCity ?
– Alimentation : la mascarade des états généraux
– Bigard, le « parrain » de la bidoche - Au Japon le KAMISHIBAÏ libère la parole sur FUKUSHIMA
- LINKY : Hulot ou la transition 2.0
- FICHE PRATIQUE : faire sa bière maison