Le soleil grille les peaux et assèche les gorges de quelques centaines de personnes amassées dans la rue qui mène à la préfecture de Digne-les-Bains, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Elles participent à la Marche des libertés, un rassemblement citoyen organisé pour protester contre le Pass sanitaire et l’obligation vaccinale. Il fait plus de 34 degrés, ce 14 août.
Temps fort de cette manifestation, une cinquante de sapeurs-pompiers en tee-shirt rouge, « vaccinés et non vaccinés », se sont regroupés face à l’entrée du bâtiment préfectoral. Fermement opposés à l’obligation vaccinale qui leur est imposée et au pass sanitaire, ils sont venus rendre leur bipeur en le déposant devant la préfecture. Un·e à un·e, ils déclinent leur nom, leur grade, leur ancienneté.
Certain·es ont 30 ans de service. Chacun·e est applaudi·e avec ferveur, dans une ambiance émue et joyeuse. Dans la foule, les sourires qui se lisent sur les visages et l’énergie qui se dégage de cette résistance collective témoignent du plaisir partagé à se retrouver, nombreux, pour la défense des libertés. La question n’est pas d’être pour ou contre le vaccin, mais de revendiquer le choix de se faire vacciner ou pas contre le Covid 19. Or, les mesures gouvernementales contenues dans la loi relative à la gestion de la crise sanitaire, entrées en application le 9 août et imposant le pass sanitaire, ont restreint la liberté d’aller et venir des citoyens à un point tel qu’elles s’apparentent à une obligation vaccinale qui ne dit pas son nom.
Le sort réservé aux enfants inquiète, voire révolte, de nombreux parents. « Je suis fière d’être là, résistons ensemble, pour nos enfants et petits enfants », témoigne une grand-mère, brandissant sa pancarte dans le cortège. « Il n’est pas question qu’on touche à mes enfants », clame au micro une jeune femme. D’une voix très déterminée, elle appelle à une action collective forte au cas où le gouvernement imposerait de vacciner les enfants. Une autre mère de famille confie son angoisse suite à l’adoption de la loi contre les séparatismes (23 juillet), qui soumet à autorisation l’école à la maison : « Les situations autorisées sont de plus en plus restreintes, il faut être ambulant, nomade… Je ne veux pas que mes enfants soient obligés d’aller à l’école et de se faire vacciner. » Le gouvernement prône en effet la vaccination maximale pour les enfants de plus de 12 ans : Jean-Michel Blanquer a annoncé fin juillet l’installation de centres de vaccination dans les établissements scolaires dès la rentrée.
Une infirmière, sapeur-pompier, affirme son refus de trier les patients pour déterminer qui peut franchir ou non la porte de l’hôpital : « C’est contraire au serment d’Hyppocrate ! » Elle dénonce l’obligation faite aux soignants de se faire vacciner « alors que la meilleure mesure de prévention pour éviter de contaminer les malades reste les mesures barrières ».
Une femme, épicière dans un petit village, demande qu’on la soutienne dans son combat. « Je ne demande pas le pass dans mon magasin et j’ai été dénoncée par ma voisine avec qui je prends le café tous les jours ! Maintenant je suis montrée du doigt au village. »
On ne peut plus boire un verre en terrasse sans pass sanitaire ! En riposte, des cafés libertés s’improvisent. On apporte sa chaise, son verre, de quoi grignoter… On s’installe sur une place publique, on se rencontre, on débat… À Sisteron, Mireille et Cati, du restaurant Encatimimi, opposées au pass sanitaire, ont décidé de poursuivre leur activité uniquement « en mode “à emporter” pour refuser de trier nos clients ». Ailleurs, des restaurateurs ferment leur établissement ou refusent ouvertement d’appliquer des mesures qu’ils jugent liberticides (lire p. 4). À L’âge de faire, où personne ne nie l’existence d’une grave épidémie, on applaudit cette contestation et on y participe, afin que chaque citoyen puisse retrouver le plus vite possible sa liberté et le respect de ses droits fondamentaux.
Nicole Gellot