L’âge de faire publie « Sexy, Linky ? », un livre qui explique ce qui se cache derrière les nouveaux compteurs : questions sanitaires, enjeux industriels, problématique environnementale, etc.
« Le nouvel El Dorado numérique est lié à la collecte massive d’informations. Tous les modèles économiques sont basés sur l’exploitation des données. Nous ne sommes plus dans une économie de service, mais dans l’économie de la donnée. Le but est d’en avoir le plus possible et de les exploiter. »
« Toute cette collecte va servir à faire du profilage, poursuit Solange Ghernaouti. Elle va permettre de mesurer, classifier, quantifier, faire rentrer des personnes dans des catégories pour mieux les cibler, mais aussi de croiser les informations, déduire, interpréter, prédire et influencer. »
Des données incontrôlables
Enedis-ErDF, de l’aveu même de son patron, souhaite y prendre sa place. On retrouve d’ailleurs avec Linky le processus assez classique d’un outil conçu pour le Big Data, comme l’a noté Solange Ghernaouti.
« A chaque fois, l’intérêt premier pour l’utilisateur est mis en avant : payer moins cher, consommer mieux… C’est un jeu de dupe, un peu comme avec les cartes Fidélités. Quand vous achetez quelque chose, c’est enregistré et exploité à votre insu, mais vous obtenez un bonus. Au début, on peut trouver cela attrayant et avantageux.
Le problème est qu’à plus long terme, cette collecte d’informations permet de surveiller et donc de contrôler les comportements, les déplacements, les activités des consommateurs.
Linky va même bien au-delà car les données recueillies sont celles issues de l’intimité des foyers, des activités privées».
Il aurait pu ajouter que Linky n’avait pas d’yeux et ne pouvait donc rien voir, ça aurait été du même tonneau. Comme l’explique Sophie Nerbonne, de la Cnil (3), « les compteurs Linky sont techniquement capables de recueillir les index journaliers et la courbe de charge, c’est-à-dire un relevé de la consommation électrique de l’abonné, avec un pas de mesure de 10 minutes. Ces données permettent de déduire des informations sur les habitudes de vie des consommateurs ».
Nicolas Bérard
Sommaire du numéro 110 – Juillet / Aout :
- SKI : LA FOLIE DES GRANDEURS
Dans les Pyrénées, quatre communes veulent créer un immense domaine skiable sur un site protégé. - LE REVENU DE BASE EN DÉBAT
Ce principe est défendu par des anti-productivistes comme par des ultra-libéraux, qui en ont chacun leur lecture. Explications. - RECHERCHE CITOYENNE
A Lyon, la Boutique des sciences de l’université propose aux associations de bénéficier d’études indépendantes sur le sujet de leur choix. - BIEN-VIVRE EN CORSE
Malgré les pressions clientélistes qui tentent de les faire taire, des militants défendent l’écologie, la non-violence… Rencontres. - REPORTAGE
En Corse, la Castagniccia reprend des couleurs. La Castagniccia, région isolée de Corse, a subi un très fort exode rural lors des Trente Glorieuses. Mais dans ce désert vert, des résistants plantent des graines d’avenir en choisissant d’élever leurs enfants au village. Exemples, entre châtaigneraie et scierie. - Notre-Dame-des-Landes : oui, mais…
- 18 centrales nucléaires potentiellement dangereuses
- La protection sociale, c’est aussi les services publics
- Au Népal, l’effervescence du riz
- Pesticides : état d’urgence
- Petit Linky pour Big Data
- Paul Corbineau, sculpteur de temps
- Bretagne : l’optimisme en poupe
- S’initier au tannage écologique
- Quand les élus se mettent à la paille
- Fiche pratique : Osez un safari urbain / Coudre des sacs à provision