L’information ne devrait pas être une marchandise, mais elle est de plus en plus sous la coupe des pouvoirs financiers et industriels.
Pour faire vivre une presse libre, journalistes et citoyen•ne•s doivent inventer d’autres modèles économiques, émancipés de la publicité et des actionnaires.
Nous sommes des dizaines de médias, partout en France, à faire vivre la presse libre au quotidien.
Audiovisuels, numériques ou papier. Coopératifs ou associatifs. Locaux, régionaux ou nationaux. Écolos, solidaires, féministes, décroissants ou « progressistes », selon des dosages qui varient en fonction des projets éditoriaux.
Certains sont diffusés en kiosque, d’autres s’appuient sur leur réseau de lecteurs pour la distribution, d’autres encore sont en ligne, le plus souvent en accès gratuit, et vivent des dons de leurs lecteurs et lectrices.
Les rares subventions qui nous sont accordées – des miettes par rapport à ce que touchent les « grands » médias – nous aident à boucler des budgets ric-rac. Notre liberté n’est bornée que par le manque de moyens humains et matériels.
L’un de nos principaux défis consiste à élargir notre audience, sans campagnes de publicité et quand les revues de presse des médias parisiens nous ignorent royalement.
Pour faire connaître notre travail au grand public, nous épauler mutuellement, réfléchir ensemble à l’avenir de la presse libre, nous nous réunissons régulièrement. Il y a quelques années, le journal régional Le Ravi(1), basé à Marseille, a organisé les premières rencontres de la « Presse pas pareille », auxquelles ont participé des journaux papier de tout l’Hexagone.
Une Coordination permanente des médias libres (CPML) a ensuite été créée, rassemblant des titres de presse écrite, numérique et audiovisuelle.
Voici un extrait du texte collectif qui présente la CPML :
Nous désirons lancer une pensée différente de celle des mass médias…
Chacun peut nous rejoindre, à la condition qu’il entre dans notre charte éditoriale.
Nous ne voulons pas de médias aux idées nauséabondes.Nous savons trop que la facho-sphère tente de s’emparer de projets alternatifs.
Nous luttons pour la démocratie, et nous aidons tous ceux qui se sentent opprimés, oppressés par l’information des grands médias.
Une autre information existe, celle de l’alternative, de l’écologie, de l’éducation populaire, des luttes sociales.
En lisant l’appel « Soutenez la création d’un nouveau média citoyen », publié sur change.org et sur le site du Monde, nous voyons donc notre travail, et notre existence même, tout simplement niés.
« Quand l’information et la culture sont trop souvent traitées comme des marchandises, quel rôle les citoyen•ne•s peuvent-ils encore jouer pour faire vivre le pluralisme et le débat ?
Cette question appelle une réponse qui ne saurait attendre », dit le texte.
Étrange démarche que de prétendre apporter une réponse alternative et citoyenne en faisant comme si les réponses alternatives et citoyennes expérimentées depuis des années n’existaient pas.
Et comme si la réponse à cette marchandisation forcenée devait être nécessairement pyramidale — créer un nouvel organe central qui comblerait à lui seul ce « manque », au moment où des dizaines de projets alternatifs mettent l’horizontalité et la coopération au centre de leurs démarches éditoriales.
Il nous parait donc utile et nécessaire, pour la réussite de ce nouveau projet, d’apporter à ses promoteurs•trices quelques éléments d’information.
Puisqu’il est si difficile, lorsque l’on vit et/ou travaille à Paris intra-muros, d’appréhender la réalité du vaste monde qui court au-delà du périphérique, voici un petit inventaire (non exhaustif !) de médias alternatifs nationaux.
1. Le Ravi. le mensuel qui ne baisse jamais les bras, née en 2003 en Provence et mêlant enquête et satire dans une région -Provence Alpes Côte d’Azur- qui en a bien besoin.
À Paris même !
Audiovisuel
La TéléLibre exprime sa différence à travers plus de 3600 reportages, documentaires et émissions accessibles gratuitement sans inserts publicitaires. Elle a pour objet de soutenir la libre expression, la libre création, la libre communication des pensées et des opinions, comme de l’information.
Laboratoire rédactionnel, audio et visuel, son encadrement expérimenté, s’enrichit de professionnels, de jeunes débutants et de plusieurs centaines de bénévoles venus de tous horizons.
En ligne
Global, webmagazine mensuel, centré sur la société, la géopolitique, la culture, fondé par une équipe de journalistes professionnels épris de leur métier.
Au-delà du périphérique…
En ligne
Basta!, site d’information indépendant sur l’actualité sociale et environnementale, est constitué d’une équipe de journalistes et de militants associatifs qui prennent le temps qu’il faut pour réaliser des enquêtes et des reportages fouillés.
Il est à l’origine de l’Observatoire des multinationales et d’une revue de presse des médias libres.
Reporterre, le «quotidien de l’écologie», traite l’actualité liée à l’écologie dans toutes ses dimensions, et relaie les initiatives qui montrent que les alternatives au système dominant sont possibles et réalistes.
L’Insatiable évoque, dans des termes accessibles, l’art comme “principe actif” dans la société, en donnant la parole à celles et ceux qui le pratiquent et pensent avec ses outils.
Papier
Politis, hebdomadaire papier, généraliste, qui revient sur les faits marquants de l’actualité, les commente et les met en perspective.
Une association de lecteurs-militants soutient la diffusion et participe à la vie du journal.
Zélium, revue bimestrielle satirique, mêle enquêtes, dessin de presse et BD d’actualité.
Dans les contrées reculées de la province…
En ligne/audiovisuel
Médiacoop.
De plus en plus, micros et caméras se tournent toujours vers les mêmes, avec les mêmes clichés : pour parler de politique, un politicien, pour agrémenter l’hiver, filmer un SDF.
Les citoyens, le peuple, la vraie force politique et sociale d’un territoire, ne peuvent quant à eux que se taire. Médiacoop a donc décidé de donner la parole à ceux que nous n’avons pas l’habitude d’entendre.
Papier
Fakir est né en 1999 à l’échelle locale (Amiens, Picardie), est depuis 2009 diffusé nationalement en kiosque et aime bien la castagne… La suite de l’histoire, vous la connaissez sans doute.
Le fondateur de Fakir, François Ruffin, a par ailleurs signé l’appel en question.
L’âge de faire est un mensuel national qui relaie les initiatives visant une réappropriation citoyenne de l’économie, la création de lien social, un mode de vie plus écologique.
Son credo: offrir à ses lecteurs des outils qui leur permettront de mettre en œuvre leurs idées.
S!lence est l’une des plus anciennes revues écologistes en activité.
Elle se veut un lien entre toutes celles et ceux qui pensent qu’aujourd’hui il est possible de vivre autrement sans accepter ce que les médias et le pouvoir nous présentent comme une fatalité.
Transrural initiatives, la revue associative des territoires ruraux qui se propose de défendre et de promouvoir des espaces aux multiples usages, où il est possible d’habiter, de se déplacer, de s’instruire, de se cultiver, de produire, de se distraire… en tissant des liens avec une grande diversité de territoires.
www.transrural-initiatives.org
En itinérance
En ligne/Audiovisuel
SideWays est une série documentaire itinérante, participative et indépendante. Les épisodes présentent des personnes et des projets inspirants : une forêt comestible, une épicerie participative, un boulanger qui a réinventé son métier pour se libérer, etc.
Le format des films, court et vivant, est idéal pour initier les discussions et les échanges lors de projections.
Papier
NB : La Coordination permanente des médias libres réunit également des sociétés de production audiovisuelle, des journaux spécialisés, de nombreux médias locaux et régionaux, ainsi que des associations de réflexion, de promotion ou d’éducation aux médias.
Tous les médias que nous avons cités sont membres de la Coordination, mais il en existe bien d’autres qui produisent de l’information en toute indépendance.
Comme Le Monde Diplomatique, Médiapart, ou encore CQFD, Z… Sans oublier toute la richesse apportée par les radios associatives.
Que ceux que nous n’avons pas cités nous excusent.
Pour en savoir plus et découvrir d’autres médias encore, nous invitons les curieux•es à se rendre ici : medias-libres.org et là : portail.bastamag.net
Merci Antoine !
bonjour
merci pour votre travail formidable !! je viens d’abonner deux de mes fils pour leur faire découvrir…
juste deux suggestions :
pourquoi pas un T Shirt pour faire de la pube au journal avec un beau dessin de votre ami Beignet
une rubrique contact sur votre site, ca ferait plus convivial qu’un bas de page dans une rubrique qui n’a rien à voir
Ce ne sont que de détails (où est le diable ), continuez bille en tete, c’est vous qui avez raison !!
bises
antoine
Bonjour,
Toujours aussi intéressant ce “petit” journal !
je viens de faire le réabonnement… mais n’ai pas trouvé la rubrique réabonnement. Merci de commencer l’expédition à la fin de l’abonnement en cours !
Bon courage
Françoise