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Sur un catamaran au milieu du Pacifique, une péniche sur la Seine ou en ferry vers Bastia, le stop se décline comme autant de moyens de transports différents. Avec la même technique : sortir son bagou de voyageur endurci. Et voguent les galères !
« Entourées d’horizons », Flore et sa sœur ont vécu pendant cinq semaines sur un voilier entre Saint-Cyprien et la Guadeloupe. Pour des raisons écologiques, elles ont préféré le bateau-stop à l’avion pour traverser l’Atlantique. « Nous avons embarqué avec la première personne que nous avons contactée. Je l’ai appelée, je l’ai rencontrée, j’ai fait quelques heures de navigation avec elle alors que je ne connaissais rien de l’univers marin. Mais la soirée s’est bien passée, alors on est parties. »
En ferry-stop vers la Corse
En bateau-stop, plus besoin de lever le pouce au bord de l’eau. Mieux vaut avoir la langue bien pendue pour persuader les capitaines de monter à bord de leur vaisseau. Pour se rendre sur les flots du Pacifique, Mathieu s’est fait connaître auprès d’une bourse aux équipiers. Il n’a payé que 10 euros par jour pour naviguer entre la Colombie et la Polynésie. Juste de quoi participer aux frais de nourriture et d’essence. Contre de la motivation, quelques tâches quotidiennes et des tours de garde la nuit, il a pu apprendre à faire de la voile.
Car sur le pont, tout ne se passe pas comme prévu. « Les capitaines sont souvent des hommes âgés et solitaires avec de grosses personnalités. Ils agissent comme de vrais dictateurs sur leur bateau. » Même bémol pour Flore, quelques années auparavant. « Il vaut mieux connaître les personnes avant de partir, car on a eu une expérience assez compliquée avec un skipper misogyne. »
Pas de tempêtes et d’orages dantesques pour Anouk et Pierre-Élie. Pour rejoindre la Corse, ils ont expérimenté le ferry-stop. Après avoir écouté leur projet de voyage sans argent, l’un des responsables de la compagnie Corsica Ferries est emballé par l’idée. Il leur propose un ferry entre Nice et Bastia, en pleine saison touristique. Avec le billet retour en prime. « Il nous a demandé quelques anecdotes sur notre tour de France, puis nous a dit : “vous voulez partir quand ?” On était plutôt surpris. »
« Bousculer les habitudes vigipirates »
Sur une écluse surveillée vers Fontainebleau, Anouk et Pierre-Élie ont également essayé la péniche-stop pour aller à Paris. Ils ont pris le numéro de la tour de contrôle et ont obtenu le droit de discuter avec les capitaines de péniches. Après quelques heures de discussions, ils sillonnaient la Seine avec un couple de Hollandais. À 12 km/h. Avec à son bord, 75 tonnes de malt à ramener à bon port pour en faire de la bière. Une nuit plus tard, ils arrivaient dans le quartier des affaires de la Défense, à Paris. « On ne voulait pas nous laisser débarquer à cause des risques terroristes, se souvient Pierre-Élie. On a dû nous escorter. C’était interdit aux piétons. On a bousculé les petites habitudes vigipirates du quartier ».
Clément Villaume