Les Cop sur le dérèglement climatique se succèdent et se ressemblent. Celle qui s’est tenue dernièrement à Charm El Cheikh ne fait pas exception. Les engagements sont flous et insuffisants pour faire face au dérèglement climatique et à ses conséquences.
La Cop 27 réunie en novembre par l’ONU à Charm El Cheikh a sans doute accouché d’une souris. Une de plus. Certes, un accord de principe conclu in extremis prévoit de créer un fonds pour « les pertes et dommages » causés aux pays pauvres par le développement depuis deux siècles des pays riches ayant mis en branle le réchaufement du climat. Mais de nombreuses interrogations subsistent.
L’engagement d’une quarantaine de pays du Nord à alimenter ce fonds suffira-t-il à couvrir les dépenses occasionnées pour faire face aux sécheresses, aux ouragans, aux inondations et à la montée des océans ? Pour l’instant 350 millions de dollars ont été promis : une goutte d’eau dans les océans dilatés ? Et personne ne sait qui décidera de l’affectation de cette enveloppe, et s’il s’agira de dons ou de prêts. De plus, s’ajoutera-t-elle aux 100 milliards de dollars par an pour financer la transition des pays en développement qui sont promis depuis une décennie et qui n’ont encore jamais été atteints totalement ?
CLIMAT ET BIODIVERSITÉ
Le doute est donc permis quant à la fiabilité de cet engagement, surtout parce que cette Cop n’a pas avancé d’un pas pour mettre en œuvre des politiques pour limiter véritablement le réchauffement du climat.
Alors que les scientifiques du Giec* ont calculé que la borne décidée lors de la Cop 21 en 2015, qui était de +1,5 °C, serait immanquablement dépassée pendant le XXIe siècle, les pays membres de l’ONU n’ont pris aucun engagement précis nouveau pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. En particulier, silence est fait sur l’utilisation des énergies fossiles et les subventions à la production de celles-ci. Les intérêts des pays divergent trop pour qu’un consensus puisse s’établir. Aussi, il est à craindre que la trajectoire vers les +3 °C à la fin du siècle perdure. D’autre part, la Cop 27 n’a pas non plus dit un mot sur l’autre Cop, la quinzième, qui s’est tenue en décembre à Montréal, portant sur la biodiversité, dont on sait qu’elle est menacée par le dérèglement climatique et le mode de développement dévastateur du capitalisme.
Au final, les centaines de lobbyistes présents à Charm El Cheikh au nom des firmes produisant des énergies fossiles ont davantage de quoi être satisfaits que les habitants des pays pauvres et que l’humanité en général car, comme l’a écrit Giuseppe Tomasi di Lampedusa : « Si nous voulons que tout reste pareil, il faut que tout change », dans son roman Le Guépard (1958), formule rendue célèbre par le flm éponyme de Luchino Visconti.
Jean-Marie Harribey, Économiste atterré