Cinq propositions pour une langue plus égalitaire…
1- Soigner son vocabulaire : ne plus utiliser homme pour parler du genre humain, ne plus dire femme pour désigner l’épouse.
2 – Préférer les mots épicènes qui s’utilisent aussi bien au féminin qu’au masculin (camarade, collègue) aux mots masculins (confrère). Utiliser aussi des formes génériques : le lectorat plutôt que les lecteurs.
3 – Créer des féminins en ajoutant un -E ou d’autres lettres, comme dans professeure.
4 – Utiliser l’accord de proximité (« Que les hommes et les femmes soient belles ! ») et de majorité (« Dix femmes et un homme sont venues. »).
5 – Utiliser le point médian (·) comme dans des infirmier·e·s révolté·e·s ou des agriculteur·trice·s.
À la longue, la suppression du point médian permet de créer de nouveaux mots en fusionnant les genres masculin et féminin : des agriculteurices, iels pour ils ou elles, Monâmes pour Monsieur et/ou Madame…
Hommes, femmes une histoire de mots
En grec ancien et en latin, on avait trois noms différents pour désigner soit un être humain indépendamment de son sexe (anthrôpos en grec, homo en latin) ; soit un être humain de sexe mâle (anêr en grec, vir en latin) ; soit un être humain de sexe femelle (gynê en grec, mulier en latin
Le latin utilisait aussi les notions de masculus et femina.
En français, femina a donné femme. Homo, qui désignait l’humanité en général, a donné naissance à humain, mais aussi à homme.
Quant au mot latin vir, qui désignait l’être humain mâle, il n’a pas de descendance à part virago, qui désigne une femme aux caractéristiques masculines…
Ainsi, en utilisant pour se nommer la racine universelle homo, l’homme est devenu dans la langue française l’humain « normal », de référence.
Doté d’un double sens, le mot homme désigne à la fois l’être humain de sexe mâle, et d’autre part l’humanité en général.
Inversement, la femme appartient dans ce schéma à une humanité à part, désignée par un mot spécifique qui a lui aussi deux sens : femme désigne soit un être humain de sexe femelle, soit une épouse…
« Du fait de ce double sens, les femmes ne sont pas symboliquement intégrées dans une relation avec l’humanité, mais dans une relation conjugale avec les humains mâles (qui eux sont en rapport avec l’humanité), écrit Davy Borde dans Tirons la langue (lire ci-contre).
La femme doit/peut se marier, alors que l’homme doit/peut simplement être. »
Rendons à Cléopâtre ce qui est à Cléopâtre !
Lisa Giachino
Vous voulez en savoir ++++ sur le sujet.
Téléchargez l’infographie d’une grammaire non sexiste ! (1936 mo)
(n°113 – novembre 2016 : ce numéro est épuisé mais disponible en pdf web )
llustrations © Claire Robert / Mise en page et infographie : L. Robin
Textes : Lisa Giachino