En France, comme dans d’autres pays, un immense groupement d’achat de café zapatiste s’est mis en place, permettant à tout un chacun de soutenir financièrement la lutte.
Le matin, quand on boit son café zapatiste, on a du mal à imaginer l’ampleur de la chaîne de solidarité à laquelle on participe. Parce que c’est le matin, mais aussi parce que les chiffres sont énormes : près de 35 tonnes – soit environ 110 000 paquets de 250 g – ont débarqué cette année au port du Havre. Sous l’impulsion du Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte (CSPCL), un collectif parisien de solidarité avec les zapatistes, l’association Échanges solidaires a été créée en 2002. « La priorité, pour les zapatistes, c’est l’agriculture qui garantit la souveraineté alimentaire. La culture du café n’est pas prioritaire, mais c’est la plus importante culture d’exportation. Elle leur permet de financer ce qui n’est pas alimentaire. Ces revenus sont d’autant plus importants que les zapatistes autofinancent leurs dépenses d’éducation et de santé par exemple. » André Chiron fait partie de la « petite bande de bénévoles » – une dizaine – investie toute l’année au sein d’Échanges solidaires. Il y a de quoi faire : s’accorder sur le prix d’achat – supérieur au cours mondial – avec les deux coopératives qui regroupent environ un millier de paysans. Lancer les souscriptions, et verser un premier paiement à la récolte.
Ensuite, il faut organiser l’acheminement du café jusqu’au Havre et les relations avec le torréfacteur sur place, d’où partent directement les colis de plus de 50 paquets, auprès de tous les « groupements d’achat » qui se sont constitués en province.
« ON ASSUME NOS LIMITES »
Le reste est livré à Paris. Une première journée, les commandes de moins de 50 paquets sont expédiées partout en France. Le lendemain, les acheteurs franciliens viennent récupérer leur commande, et les quelques paquets restants sont stockés dans la réserve de la librairie militante Quilombo. « À part la rémunération du comptable, tout le travail est bénévole », précise André. Quitte à limiter le développement d’Échanges solidaires ? « Tout à fait, on assume nos limites. On n’est pas dans une démarche commerciale. » Pour la campagne 2018-2019, l’association a acheté pour 149 000 euros de café en direct aux coopératives. Et ce n’est pas tout : avec prix de vente à 3,70 euros, Échanges solidaires
a dégagé un bénéfice de 80 000 euros, entièrement reversé aux « Conseils de bon gouvernement » des caracoles, de manière à ce que les communautés, et non seulement les producteurs, décident de l’utilisation de la ressource. Cette année, l’argent a été investi dans la mise en place d’un réseau de cabinets dentaires.
Fabien Ginisty
ÉCHANGES SOLIDAIRES,
21 TER RUE VOLTAIRE, 75011 PARIS
CAFESOLIDAIRE@NO-LOG.ORG