En Wallonie, les Centres régionaux d’initiation à l’environnement travaillent avec les écoles pour qu’une partie de l’enseignement se déroule dans la nature. Rencontre avec Anne-Sophie, animatrice au Crie de Mouscron, spécialiste du feu de camp et des chips d’ortie…
Le groupe d’enfants avec Anne-Sophie ? Il est dehors, quelque part pas très loin… Ah oui regardez, par là-bas, on voit des flammes ! » Dans une petite clairière au milieu des arbres, dix enfants d’environ 6 ans sont assis en cercle autour du feu. Anne-Sophie s’active, une poêle à la main, et propose à l’un d’entre eux de saler les chips… d’ortie. Tout le monde croque une feuille durcie par la friture. Saveur un peu piquante, mais sinon ça goûte l’huile et le sel, comme une vraie chips !
Après une matinée de jeux dans la nature, les enfants retrouvent leurs parents. Ils sont en stage pour la semaine au Crie (Centre régional d’initiation à l’environnement) de Mouscron, tout près de la frontière avec la France. En plus des activités proposées pendant les vacances, les onze Crie financés par la région Wallonie cherchent à développer « l’école du dehors » et le contact avec la nature dans les établissements scolaires.
Apprivoiser le feu
« L’école du dehors est plus répandue dans les classes de maternelle, indique Anne-Sophie. L’idée, c’est que les enseignants se lancent avec nous, pour être ensuite autonomes. » Elle-même ancienne enseignante de maternelle, l’animatrice a appris sur le tas la partie « naturaliste » de son métier. Elle cherche à transmettre aux institutrices et instituteurs des savoir-faire concrets pour leur permettre d’être dehors, en sécurité, avec les enfants. Le feu, qui fait beaucoup dans la magie de ces moments, met longtemps à être apprivoisé.
Les enseignantes et enseignants du primaire sont souvent plus réticents à sortir, « car ils ont besoin de rester liés aux programmes. C’est parfois compliqué de leur faire prendre conscience qu’on peut démarrer sur une notion dehors, en vivant, avec le corps. C’est évident avec les mesures, par exemple. Mais ce qui est surprenant, c’est qu’une fois qu’ils l’ont fait, ils ont envie de recommencer. On peut aller dehors pour faire du français, pour écrire une histoire… On a même des demandes au collège, mais le problème, c’est l’emploi du temps. »
Sortir oui, mais où ?
L’espace est aussi primordial. Certaines écoles ont la possibilité d’aménager leur propre coin de nature. D’autres vont à pied dans le voisinage, ou prennent le bus. « Nous, on ouvre notre jardin aux écoles », indique Anne-Sophie. La commune de Tournai, non loin de Roubaix, s’investit fortement dans cette volonté de faire sortir les enfants, avec son programme « Dehors Tournai ». « On travaille avec la ville depuis plusieurs années, témoigne Anne-Sophie. Il y a un bois communal en accès libre, où il est possible de faire du feu, qui peut accueillir jusqu’à trois classes en même temps. Et la ville cherche à ouvrir d’autres lieux, y compris chez des privés. Des écoles ont fait des demandes à des propriétaires, qui acceptent de mettre leur terrain à disposition. »
Le rythme des sorties dépend de l’enseignant·e.
Le Crie propose aussi des projets ciblés, montés avec les équipes pédagogiques, sur les chouettes, les insectes ou les oiseaux. Et pour les enfants d’école primaire, il y a le « projet Robinson ».
Lisa Giachino
Maison Nature de la Vellerie, rue de la Vellerie – 135, 7700 Mouscron, Belgique –
info@criemouscron.be – www.crie.be