Les plateformes capitalistes de livraison telles qu’ Uber Eats et Deliveroo n’embauchent pas des salariés, mais contractualisent avec des auto-entrepreneurs, ce qui leur revient beaucoup moins cher.
Or, concrètement, ces travailleurs devraient avoir le statut de salariés car il existe un lien clair de subordination entre eux et les plateformes. Deliveroo a d’ailleurs été condamné lourdement pour « travail dissimulé » par le tribunal correctionnel de Paris en mars 2022. Au lieu d’interdire clairement cette pratique, le gouvernement a poussé pour que s’organisent des élections de représentants de livreurs et chauffeurs VTC ubérisés. Seulement 1,89 % des livreurs inscrits sur les plateformes ont voté. Les « représentants » des « livreurs deux roues indépendants » ont cependant signé un accord en avril avec les plateformes « qui garantit un revenu minimal horaire de 11,75 euros » pour les livreurs, d’après Le Figaro. Pour le ministre du travail Olivier Dussopt, ces accords « consacrent le dialogue social et constituent une réelle avancée en faveur du renforcement des droits des travailleurs de la livraison ». Il y aurait beaucoup à dire sur l’accord en lui-même, qui ne prend pas en compte le temps d’attente des livreurs, et qui fixe un chiffre d’affaires minimal, et non un salaire. Mais quelles que soient les « avancées » obtenues, soulignons qu’elles sont inférieures au statut de salarié auquel les livreurs ont droit. Ainsi, en se félicitant d’un tel accord, le ministre du travail nie l’existence des conquis sociaux liés au salariat. Deliveroo peut continuer sa concurrence déloyale face aux plateformes telles que les Coursiers stéphanois qui respectent la loi en salariant les travailleurs, à hauteur de la convention collective, et paient des cotisations patronales. Quant à Dussopt, il n’a même pas besoin de faire voter des reculs sur le statut des salariés pour supprimer les conquis sociaux… à part pour les retraites.
FG