SOS Amitié, service d’écoute pour soulager le mal-être psychologique, fait face à une augmentation des appels en lien avec le confinement et le coronavirus. Entretien avec François Gourdault-Montagne, membre du conseil d’administration.
Quels sont les impacts du confinement sur l’activité de SOS Amitié ?
François Gourdault-Montagne : Le nombre d’appels que nous recevons est passé en quelques jours de 5 000 à 7 000. Nos 1 600 écoutants-bénévoles sont très mobilisés, mais déjà qu’en période normale, ils ne peuvent pas prendre tous les appels, autant vous dire qu’ils ne peuvent pas répondre à toute la demande actuelle.
Les trois-quarts des appels tournent autour du coronavirus. La situation exacerbe en effet les angoisses et le sentiment de solitude chez les personnes fragiles, mais peut aussi provoquer un très fort mal-être chez des personnes qui n’ont pas de fragilités psychologiques habituellement. Nous sommes là, dans la mesure de nos moyens, pour les écouter.
Est-ce que vous allez accélérer le recrutement de bénévoles pour faire face ?
F. G.-M. : Pour l’instant, nous ne sommes pas en mesure de recruter, car tous nos futurs écoutants-bénévoles doivent effectuer une formation théorique en présentiel, ainsi qu’une formation pratique d’écoute, en binôme, avec un écoutant expérimenté. Ces formations nécessitent des situations où les règles barrière sont impossibles à mettre en œuvre, nous avons donc dû les suspendre. Mais nous serons ravis d’accueillir toutes les bonnes volontés après la crise. Les personnes intéressées peuvent d’ores et déjà nous envoyer leurs candidatures, et nous reprendrons les formations dès que la crise sera derrière nous.
Pour respecter leur anonymat, les bénévoles se rendent d’habitude dans des lieux d’écoute dédiés, hors de leur domicile. Comment font-ils pour respecter le confinement ?
F. G.-M. : L’anonymat, autant celui des écoutants que des écoutés, est en effet une règle d’or de SOS Amitié car elle permet la libre parole. Des bénévoles continuent donc à se rendre sur les lieux dédiés à l’écoute, le déplacement étant toléré par les forces de police. Une fois sur les lieux, ils nettoient l’environnement de travail minutieusement, avant et après leur poste, et respectent bien entendu les règles barrière s’ils se retrouvent à plusieurs sur un même lieu. D’autres bénévoles ne préfèrent pas se déplacer. Dans ce cas, à leur demande, on est en train de mettre en place un service pour qu’ils puissent écouter depuis leur domicile. Nous proposons également une écoute active via une conversation écrite par internet. Ces conversations pourront également être assurées par les écoutants depuis leur domicile.
Des cellules d’aide psychologique sont créées par différentes instances (1). Est-ce que vous articulez votre travail avec certaines de ces initiatives ?
F. G.-M. : Nous sommes en lien avec certaines autorités de santé, mais notre position et notre rôle, c’est d’écouter. C’est notre spécificité, que nous gardons en cette période de crise. Nous ne sommes pas des soignants ou des psychologues, et n’avons pas vocation à le devenir. Nous ne nous intégrons donc pas dans ce travail d’aide psychologique à distance, travail réalisé par des professionnels, tout à fait nécessaire. Pour autant, le service d’écoute proposé par les bénévoles de SOS Amitié soulage, nous avons la prétention de le croire, des milliers d’anonymes chaque jour.
Propos recueillis par F.G.
Illustration @Marion Pradier
Numéro d’appel d’SOS Amitié : 09 72 39 40 50
1 La Direction générale de la santé a annoncé le 26 mars la création d’une cellule d’aide psychologique, via le numéro vert 0 800 130 000. Des hôpitaux, ainsi que des municipalités, ont également créé leurs propres plates-formes.