Le projet de loi de finances (PLF) et le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2021 entérinent le creusement du déficit public induit par la crise sanitaire. Le PIB chutera de 10% en 2020, mais ne se redresserait que de 8% en 2021 ; le déficit public atteindra 10 % du PIB en 2020, puis 7% en 2021.
Au cœur de la crise du coronavirus, le gouvernement a heureusement oublié les contraintes budgétaires pour déployer une politique de soutien à l’activité, avec l’indemnisation du chômage temporaire et des aides aux entreprises contraintes de réduire ou stopper leur activité. Le budget 2021 se caractérise par une politique d’offre visant le développement d’un capitalisme technologique verdi : c’est une occasion manquée de tirer les leçons de la crise et de prendre un vrai tournant écologique.
Le PLF continue à avantager les ménages aisés et les entreprises. Les premiers profitent de la suppression de la taxe d’habitation alors que, comme en 2020, aucune mesure importante n’aide les étudiants et les jeunes en difficulté, les travailleurs précaires et les ménages les plus pauvres. Les entreprises bénéficient d’une réduction de 10 milliards par an des impôts de production et de la poursuite de la baisse du taux de l’impôt sur les sociétés (soit un gain final, là aussi, de 10 milliards par an), sans contreparties exigées en termes d’emplois, d’investissements, d’inscription dans la transition écologique.
Le taux de chômage au-dessus de 10 % ?
Le Plan de relance pour 2021-22 comporte peu de mesures d’impulsion directe de l’activité, de sorte qu’on ne peut espérer qu’il empêche une forte hausse du taux de chômage, qui devrait bientôt dépasser les 10%. Les jeunes se voient offrir des stages et des formations, mais pas de vrais emplois correspondant à leurs études. Le Plan contient surtout des subventions aux entreprises, sources d’effets d’aubaine mais peu susceptibles de relancer l’investissement et l’emploi en période d’incertitude et de faible demande.
La crise sanitaire a obligé le gouvernement à desserrer les lourdes contraintes financières qui pesaient sur l’hôpital et les Ehpad, mais les faibles sommes allouées ne suffiront pas à reconstituer les capacités hospitalières, ni à rendre attractifs les métiers du soin. Le PLFSS comporte, néanmoins, deux timides avancées : la création d’une 5e branche « autonomie » de la Sécurité sociale et l’allongement du congé de paternité. Par contre, le gouvernement n’a renoncé ni à la réforme imposée de l’assurance-chômage, ni à celle des retraites, même s’il a dû les reporter. En l’absence d’une stratégie volontariste de financement, passant par le développement d’un secteur financier public, le risque est grand que la hausse de la dette publique serve demain de prétexte à des réductions des dépenses publiques et sociales et à la mise en cause des services publics.
Henri Sterdyniak, Économistes Atterrés.
Au sommaire du numéro 156
1 / EDITO La résistance au photovoltaïque industriel s’organise / F. Hallé : Reconstituer une forêt primaire en Europe de l’Ouest
3 / À Nantes, l’autre cantine cuisine la solidarité
4 / 5 / Reportage : Un photographe mordu de vipères / Aux petits soins pour la faune sauvage
6 / Grèce : À l’abordage avec Krav Boca ! Le portrait : Elles enchaînent les kilomètres pour interpeler Emmanuel Macron
12 /13 / Le poster : Pour un monde sans 5G
14 / 15 / Actus Changer de cap pour la Pac
16 /17 / La lorgnette : La viande cultivée en éprouvette arrive dans nos assiettes / « J’ai peur pour nos paysans »
18 / 19 / L’atelier au jardin / Couture & Compagnie cuisiner sans gluten / Le coin naturopathie
20 / 21 / Fiches pratiques : Comment bien observer les animaux sauvages ? / S’initier à la photo nature
Dossier 5 pages : Déboulonnons la 5G
« Évidemment, on va passer à la 5G ! » Emmanuel Macron ne devrait peut-être pas se montrer si sûr de lui. Le patron de la start-up nation l’ignore peut-être, mais les résistances se multiplient face à cette nouvelle technologie. Pour des questions sanitaires, environnementales, sociales, sociétales, et souvent pour toutes ces raisons à la fois, des citoyen·nes s’organisent pour imposer un minimum de démocratie, empêcher l’implantation d’antennes ou même pour faire tomber celles qui ont déjà été montées. L’âge de faire est parti à la rencontre de ces résistant·es.