En France la nouvelle est passée pratiquement inaperçue. Nul écho dans les grands ou petits médias. Juste une brève qui dit « Deux des six jeunes Allemands en “grève de la faim ” au nom de l’urgence climatique depuis le 30 août ont été hospitalisés, samedi, à Berlin ». Une brève qui poursuit : « Âgés de 18 à 27 ans, les six jeunes gens, qui ont qualifié leur action de “grève de la fin de la dernière génération” ont deux revendications : rencontrer A. Baerbock (Verts), A. Laschet (CDU-CSU) et O. Scholz (SPD) dans le cadre d’un dialogue public, le 23 septembre, trois jours avant les élections ; et la mise en place d’une convention citoyenne dont les propositions seraient contraignantes. » (1)
Voilà. Seulement cela.
Quoi que l’on pense de la grève de la faim, ce qui doit retenir l’attention, c’est que, au-delà des débats et protestations, qui doivent se poursuivre, l’action de ces six jeunes Allemands a ceci de remarquable qu’à eux seuls, c’est une solution d’ensemble qu’ils proposent. Et celle-ci doit d’autant plus retenir l’attention qu’elle s’appuie sur un précédent remarquable et qu’elle tire les leçons de l’expérience passée.
Exemple et contre-exemple de la Convention française
Précédent remarquable puisque, en effet, la Convention citoyenne pour le climat en France a montré, en 149 propositions, qu’elle était capable, en quelques mois, d’établir un consensus pour réduire de 40 % les émissions de GES d’ici 2030, comme mission lui en avait été confiée. Et leçon tirée de l’épisode français, puisque cette fois, pour éviter toute entourloupe, il s’agit que les décisions soient par avance déclarées « contraignantes ».
Si j’ai choisi de revenir sur cette initiative, c’est que pour une opinion désormais majoritaire, la question n’est plus celle de savoir s’il faut lutter contre les dérèglements climatiques mais celle du comment faire. Et sur ce point chacun a bien compris que laisser la main aux États ne constituera jamais la solution. Remettre sur le devant de la scène les conventions citoyennes comme forme de prise de décision est donc essentiel. Sans rénovation de la démocratie, sans redonner voix aux citoyens, le changement de trajectoire nécessaire n’aura pas lieu.
C’est le mérite de cette initiative de le rappeler. Saluons-la comme il convient.
Benjamin Coriat, économiste atterré,
auteur de Le Bien Commun, le climat et le marché. Réponse à Tirole, éd LLL, 2021.
1 – Le Monde du 19/10/2021