Durant plus d’un an, le village drômois de Saint-Nazaire-en-Royans s’est battu contre un projet de carrière. Le préfet a finalement refusé l’autorisation en février 2021. Nul doute que la mobilisation citoyenne sans faille et la victoire d’une liste d’opposition aux élections municipales ont pu jouer dans cette décision.
Saint-Nazaire-en-Royans, son plan d’eau, son aqueduc, son village médiéval. À la carte postale de la commune s’ajoutera sans doute bientôt l’opiniâtreté de ses 800 habitants. Ces irréductibles Drômois ont pu crier victoire en février 2021 après avoir résisté « encore et toujours » à un projet de carrière.
L’histoire commence en janvier 2020 avec une enquête publique concernant « l’ouverture et l’exploitation d’une carrière de roche massive ». Stupeur pour la plupart des Nazérois, qui découvrent le projet. Les nuisances d’une extraction à ciel ouvert, particulièrement visible depuis le village, sont impensables pour une majorité de riverains. D’autant plus que l’économie locale dépend fortement de l’activité touristique.
La liste sortante balayée dès le premier tour
« J’en avais entendu parlé, mais je m’y suis vraiment intéressé en janvier avec l’enquête publique, se souvient Maud Lefèvre-Mournetas, co-présidente de l’association Sauvons le mont Vanille Royans Vercors. J’habite à La Baume-d’Hostun, à 500 mètres de l’endroit choisi par le carrier. Et je me suis dit que j’allais tout faire pour me battre. Notamment en apportant ma formation de juriste. » La bataille est âpre : la municipalité en place tient au projet.
« À chaque fois, il était compliqué d’avoir accès aux documents, assure Maud Lefevre-Mournetas. Par exemple, des études sur les vibrations qui nous avaient été promises n’ont pas été faites. Ou les communes voisines, habituellement informées par courtoisie, qui ne l’ont pas été. L’arrivée de la nouvelle équipe a vraiment tout changé. »
Car le temps de l’enquête publique est aussi celui de la campagne municipale de mars. Lors des vœux du maire le 17 janvier 2020, des manifestants annoncent la formation d’une liste d’opposition. Rémi Saudax en prend la tête : « J’étais d’abord mobilisé en temps que riverain. Mais nous nous sommes rapidement rendus compte que nous n’avions pas le choix. Que la municipalité en place ne changerait pas d’avis et ne prendrait pas en compte celui des habitants. Et que le projet se ferait si nous ne prenions pas la mairie. » Le verdict des urnes est sans appel : l’équipe en place recueille moins de 40 % des votes et est balayée dès le premier tour.
Au mois de juin, le commissaire enquêteur rend un avis favorable au projet. Mais en parallèle, la mobilisation ne faiblit pas. À quelques jours de la décision préfectorale, Rémi Saudax entame un jeûne de protestation pour mettre encore un peu plus de pression sur le représentant de l’État. Qu’est-ce qui a finalement poussé le préfet à renoncer à signer l’autorisation d’exploitation ? « Difficile à dire. La mobilisation médiatique, avec un reportage de TF1, a sans doute eu un impact, avance l’édile. D’autres acteurs ont aussi émis des avis négatifs : le Parc du Vercors, les différentes communautés de communes, les Architectes de France et la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, Ndlr). Le projet manquait de toute façon de maîtrise foncière. Il n’aurait jamais dû remonter jusqu’au préfet et faire l’objet d’une enquête publique. »
Florian Espalieu