L’auteur : Michèle Rivasi est députée européenne EELV et spécialiste des questions de santé.
L’explosion des maladies chroniques (cancer, obésité, diabète…), scandales sanitaires (médiator, prothèses PIP, vaccins…), déficit de la sécurité sociale…
En 2015, nous étions confrontés à une véritable crise de santé dont les autorités rechignaient à établir les véritables causes. L’air était pollué par les émissions de CO2, la nourriture contaminée par les pesticides, les additifs alimentaires et les perturbateurs endocriniens.
Un brouillard d’ondes électromagnétiques générait maux de tête, insomnies ou éruptions cutanées : l’électro-hypersensibilité faisait de plus en plus de victimes, obligeant les malades à vivre dans l’isolement et à chercher refuge dans des lieux reculés, encore préservés des ondes émises par les antennes de téléphonie mobile.
Les conflits d’intérêts entre les organismes sanitaires et les grandes entreprises empêchaient une connaissance précise de ces dangers par la population, et freinaient l’adoption de mesures politiques efficaces. Pourtant, à force d’études indépendantes et d’actions en justice, des lanceurs d’alerte et des associations ont réussi à mobiliser l’opinion.
Les questions de santé sont devenues un enjeu politique majeur, et une série de mesures concrètes ont été prises. Le lien entre la santé et l’environnement est désormais une évidence pour tous : en 2050, prendre soin de la nature pour se protéger soi-même fait partie du sens commun !
L’une des premières mesures, dans les années 2020, a été de diminuer la pollution de l’air en ayant une vraie politique de déplacement alternatif. Les transports en commun se sont largement développés, les véhicules individuels sont « propres », de même que les engins agricoles…
Un étiquetage des aliments, sous forme de feux tricolores, a été adopté par le Parlement européen, aidant les consommateurs à repérer les produits trop gras, trop sucrés, trop salés, ou contenant des toxiques. Le changement des comportements alimentaires a poussé les industriels à s’adapter en proposant des produits de meilleure qualité. Mais il a tout de même fallu une loi pour supprimer les additifs alimentaires cancérogènes, et interdire les pesticides sur les fruits et légumes.
De même, nos emballages alimentaires, nos cosmétiques, nos meubles ne contiennent plus de perturbateurs endocriniens (phtalates, bisphénol, retardateurs de flamme bromés…), et lorsqu’ils contiennent des nanotechnologies, ceci est dûment indiqué sur l’étiquette du produit.
Quant à la pollution électromagnétique, elle a été considérablement réduite. Le seuil de 0,6v/m est appliqué pour chaque antenne relais. L’utilisation de la fibre optique plutôt que du wifi est indiquée pour tous les établissements publics. Les citoyens ont retrouvé confiance dans leur système de santé.
Depuis 2035, il est vérifié que chaque personne s’exprimant publiquement sur le sujet n’a aucun lien d’intérêt avec l’industrie.
Un médecin spécialiste de la politique vaccinale ne doit avoir aucun lien d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique, un nutritionniste aucun lien avec l’industrie agroalimentaire…
Une haute autorité sur la transparence de la vie publique a été mise en place, afin que l’on connaisse les éventuels liens de chaque expert, responsable d’agence sanitaire, responsable ministériel. La formation des médecins a également été repensée : d’une logique de soin, nous sommes passés à une logique de prévention sanitaire.
L’adage « prévenir plutôt que guérir » est revenu au cœur des relations entre les professionnels de santé et les citoyens.
La formation initiale des médecins intègre aussi une approche transversale santé-environnementale. Quant à leur formation continue, elle a été complètement détachée des laboratoires pharmaceutiques qui, autrefois, faisaient tout pour que les médecins prescrivent leurs médicaments !
Les agences sanitaires, qui donnent l’autorisation de mise sur le marché des médicaments, sont désormais conseillées par un comité d’experts réellement indépendants. Ces experts pilotent la mise en place d’études de toxicité, de nocivité, d’effets secondaires… de chaque médicament. Ils ne recommandent le remboursement de nouveaux médicaments qu’à partir du moment où ceux-ci apportent une valeur ajoutée suffisante face aux médicaments existants.
Ce comité oriente également la recherche vers des priorités de santé publique, et non pas des priorités liées au profit et au retour sur investissement qu’elle génère. Car la recherche est devenue entièrement publique, et les brevets ont été supprimés pour les médicaments. En lien étroit avec les laboratoires, les chercheurs ne travaillent que dans l’intérêt général, pour aller dans le sens d’une amélioration des médicaments.
C’est ce qui a permis de résoudre le déficit de la Sécurité sociale, qui était très largement lié au prix démesuré des médicaments, résultat d’un fort lobbying de l’industrie pharmaceutique sur les autorités gouvernementales.
Numéro 137 janvier 2019 :
- EDITO : la violence c’est la pauvreté
- Mobicoop, alternative à Blablacar
- COURRIER ET CONCOMBRES
- EHPAD : des poneys dans les couloirs
- Algérie : une cité écolo
- ENTRETIEN : des policiers et gendarmes contre la prohibition des drogues
- Livre : NJINGA, reine africaine
- Nos lecteurs sont formidables
- ACTU : climat, nuit de garde à vue pour 2 militants
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- LORGNETTES : les cabanes des gilets jaunes : un jeu très sérieux
- Le kérosène d’abord !
- L’atelier : au jardin, rubrique à bec, la pause Qi Gong, jouons z’un brun
- Fiche pratique : démasquer les stéréotypes sexistes
- Changement de tarifs et campagne d’abonnements