A L’âge de faire, on a coutume de dire qu’on gagne pas beaucoup mais qu’on rigole bien. Alors, à l’occasion de ce dossier paille, on a décidé que celui qui devrait se coltiner cet édito serait tiré… à la courte paille. Haha ! Vraiment, qu’est-ce qu’on se marre ! Sauf que j’ai tiré la plus petite et que ça, c’est nettement moins drôle. Me voilà, 18h46, à devoir taper un édito du feu de dieu et surtout fissa fissa car le bouclage de ce numéro 188 doit avoir lieu dans quelques heures.
Va trouver une idée d’édito, toi, un mardi soir, à 18h46 (désormais 18h55) ! Dans ces cas-là, on peut toujours faire dans la facilité : on prend les dernières déclarations de Macron, on explique comment et pourquoi il raconte vraiment n’importe quoi, on raconte qu’il faudrait faire à peu près l’inverse de ce qu’il envisage, et ça donne un édito pour pas cher. Ça marche à tous les coups, là-dessus au moins on peut compter sur lui. D’ailleurs, hier lundi 25 septembre, Jupiter a expliqué son « idée » de planification écologique. Bon, pfff, c’est tellement désolant que je n’ai même pas envie de le commenter. Non, non et non, on ne parlera pas de lui !
Alors, parlons de nous : comme vous allez le découvrir dans ce numéro, nous isolons nos locaux à la paille, matériau écolo s’il en est (et dont Macron n’a donc pas parlé). Les bottes montent déjà presque jusqu’au toit, on tient le bon bout. D’ici quelques jours, ce seront donc 329 m² de façades qui seront isolés grâce à des bottes de 36 cm d’épaisseur. On va avoir frais l’été, chaud l’hiver, ça va être formidable. Et puis, il y a tout ce carbone qui va être confiné dans nos murs. En nous basant sur les chiffres de l’entreprise Isol’en paille, qui a fait étudier tout ça, nous avons calculé que 19 338 kilos de CO2 seront stockés dans cette isolation. 19 tonnes, c’est énorme et très peu à la fois. En fait, on ne se rend pas compte… Alors on a converti ça en allers-retours entre Paris et New York. Nous sommes ainsi en mesure de vous informer que L’âge de faire stocke dans ses murs l’empreinte carbone de 11 allers-retours Paris-New York !
La question logique qui a suivi a été celle-ci : qu’est ce qu’on peut bien aller foutre à New York ? La collègue Lisa m’explique que si elle devait aller en Amérique, ce serait plutôt au Mexique, « pour aller rencontrer les zapatistes et visiter la maison de Frida Kahlo, mais c’est pas pour demain ». Lucie me répond qu’elle a effectivement pour projet de traverser l’Atlantique, mais qu’elle doit d’abord faire un stage aux Glénans, parce qu’elle compte s’y rendre à la voile. Fabien me répond « non, pas New York », et refuse de m’en dire plus – je le soupçonne d’avoir programmé une virée de rêve en Aveyron. Quant à Red, encore présent à cette heure avancée (19h29, ça file !), il me rétorque qu’il n’a même pas de passeport. Et moi, pauvre couillon, je vais quand même pas y aller tout seul.
Mais alors si on ne va pas aux States, comment va-t-on profiter de toute cette réserve de gaz à effet de serre ?! L’angoisse me monte : il est 20h28, il faut trouver une idée, et vite. On ne va quand même pas revendre nos 20 tonnes en crédits carbone ?! Macron lui-même approuve l’existence d’un marché carbone, ça prouve bien que c’est une sale idée ! D’ailleurs, en y réfléchissant, qu’est-ce que c’est que cette manie de convertir les quantités de CO2 économisé en trajets d’avion ?! Vu l’état de la planète, on devrait plutôt regarder ce que ça donne en matière de vie quotidienne : en gros, les bottes confinées dans nos murs annulent l’empreinte carbone annuelle de deux Français·es. C’est pas grand-chose, mais c’est déjà plus efficace que la planification écologique de Macron !
Nicolas Bérard