Vous aussi, vous êtes sidérés par le discours médiatique dans lequel baigne cette campagne électorale ? Ne revenons pas sur le problème de base, qui jette les médias dans les griffes des puissances de l’argent : nous en avons déjà parlé et reparlé dans cette même colonne.
Alors, quoi de neuf ? Deux faits majeurs : 1/ Désormais, l’un des magnats milliardaires, Vincent Bolloré, utilise très clairement ses médias (Cnews, Europe 1…) pour pousser ses idées d’extrême droite au pouvoir. 2/ Les médias publics sont de plus en plus visiblement utilisés pour servir le pouvoir en place. Là dessus, Macron dissout l’Assemblée et décide que des élections seront organisées trois semaines plus tard, alors que le RN de Bardella est en pleine dynamique. La sidération est totale : qu’est-ce qui lui prend encore ? Comment mener une campagne en si peu de temps ? Quel programme proposer ? Quelles idées mettre en avant ? Le problème, c’est que ce sont moins les politiques que les médias qui décident de ce dernier point. Et dans ce contexte, il va de soi qu’on aura plus parlé de lutte contre l’immigration, de sécurité sécuritaire – pas sociale – et de croissance économique que de solidarités, de services publics et d’écologie. Les thèmes du débat, jusque dans les mots utilisés, sont imposés par ces médias « dominants », qui bourrent les crânes au lieu d’éclairer les esprits.
Exemple, avec le mot « extrême », utilisé de la même façon pour décrire, à droite, le RN, et à gauche, le Front populaire. Que le RN représente l’extrême droite, cela ne fait aucun doute : son programme et son histoire le montrent. Le Front populaire, en revanche, qui compte dans ses rangs des personnalités comme François Hollande, Raphaël Glucksmann et Olivier Faure, ne peut assurément pas être qualifié d’extrême gauche ! Pourtant, la même présentation est martelée partout tout le temps depuis le lancement de la campagne : il y aurait l’extrême gauche d’un côté, l’extrême droite de l’autre, et la Macronie au milieu, seule capable d’éviter le risque de « guerre civile », selon les mots du pompier pyromane. Le moindre électeur se voulant un peu modéré n’a donc plus vraiment le choix, il doit voter au « centre ». Pourtant, qu’est-ce que le macronisme, sinon un capitalisme effréné, qui place l’argent au dessus de tout, qui oppose « ceux qui ne sont rien » à ceux qui « ont réussi », qui fait la promotion du chacun pour soi plutôt que des solidarités, qui se met au service des ultra-riches plutôt que des défavorisés ? Jusqu’à l’extrême, comme l’ont bien montré la « réforme » des retraites, celle du chômage ou la loi immigration. Ajoutons que nombre de ces décisions ont été prises en abandonnant l’esprit même de démocratie (loi Travail, retraites, 49,3…). Bref, le macronisme est, à n’en pas douter, un extrême. Aussi ces élections devraient-elles être présentées ainsi : elles opposent principalement un bloc d’extrême droite, un bloc de droite libérale extrême, et un bloc de gauche. Fais ton choix, ami·e modéré·e !
Nicolas Bérard