L’État maintient le troisième référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie au 12 décembre. Les indépendantistes refusent d’y participer en raison de la crise sanitaire qui touche durement l’archipel.
Vendredi 12 novembre, le haut-commissaire (représentant de l’État français en Nouvelle-Calédonie), a mis fin à un faux suspense en confirmant la décision prise en juillet dernier : le troisième référendum d’autodétermination « ne sera pas fragilisé par des conditions sanitaires puisque la crise sanitaire est maîtrisée, et donc les Calédoniennes et les Calédoniens qui souhaitent se rendre aux urnes le 12 décembre, pourront le faire ». Tout tient en un mot : l’État n’appelle pas l’ensemble des électeurs à participer à ce scrutin historique, mais uniquement ceux qui le « souhaitent ».
Longtemps épargné, le Caillou a enregistré 273 morts liés au Covid-19 depuis le 9 septembre. Mais depuis lundi 15 novembre, les mesures de confinement commencent à être levées. Pour autant, la campagne référendaire se fera sans grand rassemblement public. Surtout, elle se fera sans les indépendantistes, qui ont confirmé leur décision de ne pas participer au scrutin.
Les loyalistes, partisans du Non à l’indépendance, se sont réjouis, à l’image de la présidente de la province sud, Sonia Backès : « Le chef de l’État, en respectant sa parole et en ne cédant pas aux menaces des indépendantistes, nous a démontré qu’il tenait à la Calédonie et qu’il l’aimait. »
L’indépendantiste Roch Wamytan souligne pour sa part que 80% des victimes du Covid sont des Kanaks : « Il faut essayer de comprendre la culture kanak et l’importance que nous accordons au deuil. » Le sénat coutumier a d’ailleurs institué une année de deuil kanak. Et Charles Washetine, un autre responsable indépendantiste, s’insurge :
Jour d’après, monde d’après
L’État relativise et rappelle que la non-participation est un droit comme un autre. Ce n’est pourtant pas la première fois que les indépendantistes refusent de participer à un scrutin. En 1987, Bernard Pons, ministre de Jacques Chirac, imposait l’organisation d’un référendum dans les trois mois. Avec 40 % de participation, 98 % des votants disaient Oui à la France. Mais quelques mois plus tard, la situation s’embrasait jusqu’au drame de l’assaut de la grotte d’Ouvéa. Ce qui provoqua la mise en place des Accords de Matignon.
Les indépendantistes restent sur la position d’un indispensable dialogue avec l’État tout en rejetant toute forme de violence. Mais ils préviennent que leur autorité est moins respectée par les jeunes que dans les années 1980. « Si l’État s’entête à vouloir maintenir la validité du résultat, cela ne se passera pas comme ça », avertit l’indépendantiste Daniel Goa.
En 2018, le Non à l’indépendance l’a emporté à 56 %. En 2020, l’écart s’est réduit à 53 %. Quel que soit le résultat du 12 décembre, l’État insiste sur l’indispensable « Jour d’après le référendum » et la nécessité de continuer à vivre ensemble sur la même terre.
Mais la Nouvelle-Calédonie doit aussi se pencher sur « le monde d’après ». L’économie calédonienne est quasi uniquement concentrée sur l’exploitation des mines de nickel. En 2018, l’économiste Maxime Combes rappelait, dans l’ouvrage Sortons de l’âge des fossiles !, « la responsabilité historique de la France, et de ses gouvernements successifs, dans le fait d’avoir enfermé la Nouvelle-Calédonie dans une dépendance dangereuse et extrêmement polluante à l’exploitation du nickel ». SM