Le système de retraite français assure actuellement aux retraités un niveau de vie équivalent à celui des actifs. En 2018, malgré un taux de chômage élevé, le système est financièrement équilibré.
Dans les années à venir, l’allongement de la durée de vie et l’arrivée à la retraite des générations nombreuses nées après la guerre devraient augmenter le poids des retraites dans le PIB.
Les gouvernements successifs ont déjà retardé l’âge minimal de départ à la retraite à 62 ans. Il faut 42 (et bientôt 43) années de cotisations pour avoir droit à une retraite à taux plein, ce qui risque d’obliger beaucoup des jeunes actuels à travailler jusqu’à 66 ans. Enfin, comme les pensions resteraient indexées sur les prix (et non sur les salaires), il est prévu une baisse de 15% d’ici 2040 du niveau relatif des retraites par rapport aux salaires.
Le Président de la République veut unifier les régimes de retraite dans un système unique fonctionnant à points, tel que : « Un euro cotisé donne les mêmes droits, quel que soit le moment où il a été versé, quel que soit le statut de celui qui a cotisé». Cet objectif est contradictoire avec le caractère de solidarité du système actuel, assuré par le minimum contributif, la validation des périodes de maladie et de chômage, les avantages familiaux, la cotisation au-dessus du plafond n’ouvrant pas de droits, la prise en compte de la durée de carrière et de la pénibilité du travail (encore bien insuffisante).
Les pensions de réversion seraient remises en cause.
Un système public de bas niveau
Dans un système à points, les salariés n’ont aucune garantie sur leur taux de remplacement (le niveau de leur retraite par rapport à leur salaire). Selon ses promoteurs, le système serait automatiquement équilibré, mais cela se ferait par baisse du niveau des retraites. Le risque est grand que la réforme réduise nettement le niveau des retraites et dégrade les éléments de solidarité du système. On pourrait aboutir, comme pour l’assurance-maladie, à un système public de bas niveau qui serait complété par des régimes supplémentaires d’entreprises, en capitalisation, inégalitaires selon l’entreprise et le statut du salarié.
Les salariés doivent se battre pour que quatre points cruciaux soient préservés, les différences d’espérance de vie et de capacité à rester en emploi selon la carrière doivent être pris en compte.
Les travailleurs manuels doivent pouvoir partir plus tôt que les cadres : un objectif de taux de remplacement doit être clairement fixé (par exemple, 70% pour un salaire moyen); il doit être plus fort pour les bas salaires; les mécanismes de solidarité doivent être maintenus.
Henri Sterdyniak, économiste atterré.
Au sommaire du numéro 133 – Septembre 2018 :
- EDITO : Mc Do coopératif ?
- L’Atelier soudé a la solution, pas les financements
- Uruguay : Une école 100 % recyclée
- Comores : Symbiose avec les tortues.
- Entretien : Les normes protègent les plus faibles
- Livres : Une BD en circuit court / Loin des yeux, nos forêts disparaissent
- Reportages : En Italie solidaire
- Portfolio : En Bretagne, un lieu d’accueil autonome
- Les Actualités : NDDL : convergeons contre la normalisation !
- Grrr-ondes : Cynisme tous azimuts
- NEF : être banquier autrement : rêve ou réalité ?
- Jardin / Adopter ses premières poules / Le sureau noir /
- Jeu : l’awalé
- Forum / Mots croisés / Livres pratiques
- Fiche pratique : la guêpe
- Notre campagne d’abonnement