Avec sa campagne intitulée « Basta les profiteurs de la Pac », la plate-forme Pour une autre Pac entend peser sur la réforme de la Politique agricole commune. Elle a étudié les pratiques de cinq groupes agroalimentaires.
« La Pac façonne notre système de production alimentaire. Elle incite l’agriculture française à s’industrialiser au détriment de l’environnement, des paysans, du bien-être animal », détaille Mathieu Courgeau. Il est éleveur laitier en Vendée, mais aussi président de la plate-forme Pour une autre PAC. Ce 12 janvier, il tient un conférence de presse avec Clotilde Bato et Aurélie Catallo, respectivement membre et coordinatrice de la plate-forme, composée de 44 organisations (paysannes, environnementales, de citoyens-consommateurs, etc.). Les intervenants sont unanimes : « C’est un moment charnière. »
En France, la Pac représente une somme de 9 milliards d’euros. Si une réforme de cette politique européenne est prévue, celle-ci n’est pas encore actée. Mais le processus a toutefois avancé au cours des derniers mois (vote au Parlement européen en octobre, négociations en cours à Bruxelles, etc.). La plate-forme Pour une autre Pac sera consultée dans les mois à venir par le gouvernement dans le cadre du Plan de sauvegarde nationale (PSN), un document censé expliquer comment la PAC sera déclinée au niveau national. Autrement dit, à qui les aides seront destinées, et quel modèle agricole sera promu. « Pour le moment, on ne connaît pas encore les grandes orientations du PSN. C’est justement notre rôle d’agir pour influer sur son contenu », poursuit Aurélie Catallo. C’est dans cette optique que les militants ont lancé leur campagne.
Des paysans qui s’appauvrissent, des groupes qui prospèrent
« Basta les profiteurs de la PAC », dit le slogan de la plate-forme. Dans le collimateur : cinq géants de l’agroalimentaire. « On aurait pu en choisir d’autres. Mais on a souhaité illustrer un modèle industriel de l’agriculture. Ces entreprises sont leaders dans leurs secteurs, ce sont des marques grand public », ajoute Mathieu Courgeau.
Bigard, propriétaire de Charal, Avril, propriétaire de la marque Lesieur, Saveol, producteur de tomates, Tereos, propriétaire de Béghin Say, et Agrial, propriétaire de Soignon. « Les premières lettres de chaque nom donnent l’acronyme BASTA », justifie Aurélie Catallo. Parmi ces entreprises, trois d’entre elles touchent des aides directes de la PAC : Seveol (6,7 millions d’euros en 2019), Tereos (45 millions d’euros en 2018) et Agrial (plus de 5 millions d’euros en 2019).
Aurélie Catallo préciser aussi : « Notre but n’est pas de critiquer les paysans qu’il y a derrière, et qui n’ont pas le choix de se ranger derrière ces groupes. Ils en deviennent à la fois dépendants et victimes. »
Mais tout n’est pas perdu. C’est d’ailleurs tout le sens de la campagne qui s’étalera sur plusieurs mois. Reste à savoir quelles formes prendront les actions que les militants entendent mener sur tout le territoire national.
Vincent Durand