À Forcalquier, dans les Alpes-de-Haute-Provence, l’amende va bon train. Depuis plusieurs lundis, une centaine de citoyens organisent le « café des libertés » le jour de marché. Ils occupent la place publique pour se marrer, faire de la musique, lutter et boire un coup entre copains.
Les habitants en sont presque réduits à regretter leur ancien maire, le délicieux Christophe Castaner. Le 11 mars dernier, le nouvel édile (de droite) David Géhant a vu les choses en grand. Il a interpellé la préfète « pour que la commune retrouve son calme » selon la toute nouvelle chaîne locale BFM d’Ici, racheté à grands frais par Altice, le groupe de Patrick Drahi. Les dangereux « manifestants » entendent faire sauter l’état d’urgence sanitaire et contestent la légalité de l’obligation du port du masque dans leur commune. Leur moyen de lutte ? Discuter autour d’un café. « On nous fait passer pour des irresponsables en nous disant que 90 % des lits en réanimation sont occupés, alors qu’il n’y en a que seize dans tout le département. Tu m’étonnes que les soignants n’en peuvent plus… », lance Merlin Longuet, l’un des organisateurs à l’origine du café des libertés.
Depuis plusieurs lundis, près d’une centaine de gendarmes surveillent autant de citoyens « On pratique une verbalisation massive et systématique en espérant mater la population. L’objectif est de faire peur aux gens. Quand j’ai discuté avec les flics la semaine dernière, je leur ai dit qu’ils allaient nous faire un cluster à force de venir si nombreux », sourit-il.
LES PROS DU RENSEIGNEMENT
Il est vrai que les « manifestants » entravent la loi pour rassemblement illégal. Mais il faut bien avouer qu’il est compliqué pour les forces de l’ordre de trier les gentils et les méchants sur une place de marché. Certains Forcalquiérens ont donc été mis à l’amende alors qu’ils sortaient de chez eux. Un habitant, décédé depuis 3 ans, a également été verbalisé.
Merlin Longuet a été placé en garde à vue pour organisation de manifestation non-déclarée. Il risquait 6 mois de prison et 7500 € d’amende. Son procès a été renvoyé devant la Cour de cassation par le tribunal de Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence). Une victoire pour l’organisateur du « café des libertés ». La justice lui reprochait seize non-respects du port du masque et douze participations à ces rassemblements jugés « illégaux » par la préfecture, avant d’être finalement autorisés. Mardi 27 avril, pas moins de 200 militants étaient présents pour le soutenir. Une cagnotte pour financer ses frais judiciaires a également été lancée.
Clément Villaume