L’épidémie du coronavirus illustre une nouvelle fois les périls que la croissance incontrôlée fait courir à l’humanité. Le réchauffement climatique, la destruction de la nature mettent en cause la biodiversité, provoquent des catastrophes météorologiques et des épidémies récurrentes. La fragmentation des chaînes de production fragilise les systèmes productifs nationaux. La crise sanitaire est un révélateur.
En France, la victoire du néolibéralisme s’est traduite par la dégradation des services publics. Les économies de lits d’hôpitaux, d’emplois hospitaliers, de stocks de médicaments et de masques apparaissent catastrophiques aujourd’hui. Les grandes entreprises ont délocalisé à tout va, sans tenir compte des risques d’une forte dépendance vis-à-vis des fournisseurs étrangers.
La crise va-t-elle favoriser l’adhésion sociale au tournant de mode de vie nécessaire à la transition écologique ? Va-t-elle faire prendre conscience de l’inutilité de certaines dépenses, de la vanité des consommations ostentatoires, de l’urgence de la sobriété ? Ou au contraire, les personnes vont-elles consommer à outrance pour oublier cette période de cauchemar ?
Un mode de croissance à remettre en cause Il faudra éviter de relancer les entreprises polluantes, gaspilleuses, nuisibles à la cohésion sociale, celles qui pratiquent l’obsolescence accélérée et l’optimisation fiscale, celles qui versent des salaires mirobolants, les entreprises de publicité et les entreprises financières. La tentation sera grande, compte tenu de la hausse probable du chômage, de ne pas y regarder de trop près. Non, il faudra faire le ménage.
Un mode de croissance dicté par la logique du capitalisme financier mondialisé devra être remis en cause. Dans le cadre d’une planification écologique et sociale, la production devra être relocalisée et se centrer sur les besoins essentiels ; les innovations polluantes (comme le bitcoin ou les SUV) devraient être interdites. Les préoccupations de préservation de la nature, de non-pollution, d’économies d’énergie et de matières premières, devront devenir centrales. Les services publics (santé, soins aux jeunes enfants et aux personnes âgées, éducation, culture, transports collectifs) devront être promus et repensés, les salaires de leur personnel (surtout des femmes) devront être revalorisés. La transition suppose à la fois de garantir un emploi à chacun et de ne pas sacrifier à la préoccupation de l’emploi en maintenant des activités inutiles voire nuisibles.
Sortir vraiment de la crise, c’est prendre le tournant vers une économie sobre, solidaire, égalitaire, soutenable dans la durée.
Henri Sterdyniak
Au sommaire du numéro 151
- Edito le confinement exacerbe les inégalités /
- Framasoft, premier de cordée de l’amap nation
- Livre : être non violent à gaza
- Femmes en Bosnie, une coopérative efface les traces de la guerre / Portrait Gaspard Forest veille sur les rivières
- Reportage Un club de boules où il fait bon vivre
- Le guide des sons animaux
- Actu : La privatisation d’ADP mise au placard
- Résistons à la Covid nation / A l’école du confinement / Réquisition (citoyenne) d’un Mc Do à Marseille / Les pauvres au turbin, les richesses confinées / Covid-19 : en route pour la 5G ?
- Économistes atterrés : Sortir d’une crise sanitaire
- L’atelier Opération zéro déchet ! / Au jardin / Couture & Compagnie / Le coin naturopathie
- Fiches pratiques : des bougies en cire / Du bois pour aménager son jardin
Dossier 4 pages : Le pouvoir du son
Le confinement, en ralentissant voire stoppant les activités humaines, l’a mis en évidence : le son est un élément essentiel de nos vies pour le meilleur et pour le pire. Quelle vision du monde ont les personnes sourdes ? Peut-on reconstituer l’ambiance sonore du passé ? Qu’entend-on au fond des océans ? Qu’est-ce qu’un paysage sonore et comment l’écouter, le composer ? Ouvrez l’oreille, et la bonne !