Alors, ce « DLA », ça en est où ? Petit rappel : le mois dernier, nous vous expliquions que nous nous étions lancés dans un « dispositif local d’accompagnement » afin d’améliorer le fonctionnement et la rentabilité de notre Société coopérative de production (Scop). On le précise : au sein de la Scop L’âge de faire, « améliorer la rentabilité » n’a pas pour finalité d’engraisser des actionnaires, mais uniquement d’assurer des salaires à peu près décents à ses salarié·es, de garantir la pérennité du canard et même de le développer.
Le développer ? Et oui, c’est ce qu’on a prévu de faire ! L’ambition est née lors d’un exercice que nous avait concocté Émilie, notre grande patronnesse es-DLA. Ayant sans doute compris qu’elle ne s’adressait pas à des hommes·femmes (1) d’affaire chevronné·es, elle s’est adaptée, en collant des images sur un tableau : un navire pirate, une île paradisiaque, des ailerons de requin, un symbole de vent… « Le bateau, c’est votre Scop. L’île, c’est là où vous voulez être dans 5 ans. Les requins, ce sont les choses qui vous menacent. Le vent, c’est vos atouts. » On a planché, puis on a mis nos idées en commun.
Sur l’objectif à atteindre d’ici 5 ans, d’abord. Les réponses les plus timides – du style « être encore vivants » – ont été écartées. En bons chef·fes d’entreprise, nous devions voir les choses en grand ! Ce que nous souhaitons, donc, c’est augmenter terriblement notre tirage ! Le doubler, le quadrupler, le multiplier par cent ! Cela nous permettrait – non, Nicolas, on va y arriver, vire-moi ce conditionnel ! –, cela nous permettra, donc : de continuer à vendre notre canard à un prix raisonnable ; de nous mettre à l’abri de la banqueroute ; de rendre nos salaires un peu plus décents ; de diffuser beaucoup plus largement les formidables idées que nous relayons dans nos pages, rendant ainsi la société plus belle, plus solidaire, plus joyeuse, plus écolo et tout et tout. Quand on a vu où on en serait en 2028, on n’en revenait pas ! On s’est tombés dans les bras, émus aux larmes, en se disant que « finalement c’était pas si compliqué », et « vivement 2028 ! », et aussi qu’il fallait illico organiser une bamboche du feu de dieu pour célébrer la bonne nouvelle !
Au moment où on sortait de la salle de réunion, en se questionnant sur le nombre de caisses de champagne qu’il convenait d’acheter pour la soirée, Émilie nous a rappelé que l’exercice n’était pas tout à fait fini et qu’il fallait élaborer une stratégie pour atteindre le résultat escompté…(2) Retour au boulot, donc, avec de nouvelles questions : quelles sont nos forces, quelles sont nos faiblesses, qui nous souffle dans les voiles, qui nous chie dans les bottes ? On souhaite ne rien vous cacher, mais on n’a pas la place pour un compte-rendu complet dans cette colonne.
Sachez néanmoins, très chères lectrices, très chers lecteurs, que vous avez été désignés comme étant notre principale force et que vous faites donc pleinement partie de la stratégie qui nous permettra de changer le monde (et nos finances) d’ici 2028 ! Si on vous embarque ainsi, c’est parce que nous avons l’impression qu’il existe un lien particulier entre L’âge de faire et ses lecteurs et lectrices. Un certain attachement, qui tient sans doute à l’histoire du journal, à son fonctionnement, à sa ligne éditoriale aussi. Quoi qu’il en soit, ce lien, nous entendons le cultiver, et même le renforcer, notamment en vous informant régulièrement de ce qu’il se passe dans les coulisses, en vous racontant les débats qui secouent notre petite équipe et en recueillant vos avis, conseils et coups de gueule sur les orientations que vous souhaiteriez nous voir prendre. Pour progresser, nous appliquerons donc l’exact opposé de ce que conseille la startup nation : ce n’est pas sur du matériel dernier cri ou de l’intelligence artificielle que nous misons, mais sur les êtres de chair, de cœur et d’esprit que vous êtes ! Bisous !
Nicolas Bérard
1 Il faut bien avouer que l’écriture inclusive donne parfois des choses étranges.
2 La grande fiesta est donc repoussée au jeudi 22 juin 2028. Vous n’aurez pas l’excuse d’avoir « déjà prévu quelque chose ce soir-là ».








