Premier cabinet d’expertise comptable en coopérative, la Scop Tsarap, basée à Lyon, compte dix salariés, dont six associés, qui s’organisent comme ils l’entendent pour accompagner leurs clients.
Le monde des experts comptables n’est pas réputé pour partager les bénéfices et les responsabilités au sein des cabinets. Frédéric Moiroux, l’un d’entre eux, ne dément pas ces clichés : économie de rente d’une profession jamais en crise, séparation stricte entre les associés des cabinets inscrits à l’ordre d’un côté et leurs salariés souvent en surcharge de travail de l’autre, qui ne voient pourtant pas la couleur des bénéfices… « J’étais dans un cabinet comme ça », assume-t-il, d’autant plus facilement qu’il en est sorti avec trois collègues pour créer le premier cabinet d’expertise comptable en coopérative. C’était en 2016. Aujourd’hui, la Scop Tsarap, basée à Lyon, compte dix salariés, dont six associés, parmi lesquels deux seulement sont « inscrits à l’ordre » – dont Frédéric. « Dans beaucoup de cabinets classiques, des comptables font uniquement de la saisie, sont très bridés dans la relation avec les clients. On a voulu torpiller ça. Au sein de
Tsarap, chacun est autonome dans l’accompagnement des structures et s’organise comme il l’entend. » Cette « autonomisation-responsabilisation » de tous les salariés se ressent aussi dans l’intérêt porté au devenir du cabinet : « Il n’y a pas cette divergence d’intérêts entre les associés et les salariés que l’on retrouve souvent dans les structures classiques. Pourquoi ? Parce qu’on partage la valeur créée, tout simplement. »
Intérêt collectif
Tsarap accompagne aujourd’hui environ 300 structures, la quasi-totalité étant des associations ou des entreprises coopératives. « La façon de travailler n’est pas la même (qu’avec des entreprises de l’économie conventionnelle, Ndlr). On n’est pas là pour l’intérêt financier des dirigeants, à réfléchir en terme de gestion de patrimoine. On est payés pour l’intérêt collectif. » Ce premier trimestre 2023, alors que l’économie « se recroqueville un peu », Frédéric constate que « les structures de l’ESS ont les reins plus solides » que les autres en temps de crise. Et Tsarap ? « Ca va, mais on ne fanfaronne pas. Notre principal défi depuis la fin du Covid, comme d’autres j’imagine, c’est de concilier autonomie, travail à distance et plaisir d’être ensemble en collectif. »
Fabien Ginisty
Cet article est à lire dans le numéro 186, juin 2023. Pour vous abonner ou acheter des numéros au détail, rdv sur notre boutique en ligne :