Le plan de relance de l’économie présenté le 3 septembre dernier, baptisé « France Relance », s’élève à 100 milliards d’euros sur deux ans. Il s’articule autour de trois axes majeurs : 30 milliards seront alloués à la transition écologique, 35 à la compétitivité des entreprises et 35 également à la cohésion sociale et territoriale.
Jugé historique, ce plan est pourtant en grande partie un mirage puisque la moitié des 100 milliards annoncés correspond à des mesures déjà décidées. Ce manque d’ambition peut se voir dans le domaine de l’emploi. Alors que 800 000 suppressions d’emploi sont attendues cette année, le premier ministre espère que son plan permettra d’en créer 160 000 en 2021. Pour cela, il compte sur le bon vouloir des entreprises pour s’engager fortement pour l’emploi mais ne prend aucun engagement pour développer l’emploi public, en particulier dans la santé et l’éducation.
Derrière les effets d’annonce, ce plan consacre l’accélération des politiques d’offre consistant à privilégier le soutien aux entreprises et au capital. Plutôt que d’œuvrer au bien commun, le gouvernement se met au service des (grandes) entreprises, et délaisse les classes sociales les plus défavorisées. Pour preuve, seuls 800 millions, soit 0,8% du plan de relance, sont consacrés au « soutien aux personnes précaires ».
Les entreprises vont quant à elles bénéficier d’une baisse massive des impôts sur la production de 10 milliards par an, mesure qui est amenée à être prolongée au-delà de 2022. Un cinquième de ce plan de relance sera donc consacré à ce qui s’apparente à un énième cadeau fiscal fait aux entreprises, sans qu’aucune contrepartie ne soit demandée.
Les politiques de compétitivité et de soutien au capital déjà menées par ce gouvernement ont conduit, de l’aveu même de l’Insee, à une augmentation importante des inégalités, ainsi qu’à une hausse de la pauvreté. Utiliser la crise sanitaire pour renforcer ces politiques est donc tout à fait contreproductif, pour ne pas dire totalement aberrant.
Relancer l’économie suppose au contraire de venir en aide à tous ceux qui, en raison de la crise sanitaire, ont vu leur revenu chuter et se retrouvent en situation de précarité. C’est une mesure élémentaire de justice sociale. Mais c’est aussi une mesure économiquement efficace de soutien de la demande.
Relancer l’économie suppose également d’engager une politique industrielle tout entière tournée vers la sobriété énergétique, la relocalisation de la production chaque fois que cela est possible et souhaitable, le respect de l’environnement. Pour ce faire, nous avons besoin d’un État stratège, au service du bien commun, et non d’un État inféodé au Medef.
Éric Berr, Économistes Atterrés.
Au sommaire du numéro 155
1 / EDITO 5G : le réfractaire à l’Élysée /
Railcoop, une coopérative pour relancer le train
3 / Théâtre dans les fermes jurassiennes
4 / 5 Portrait d’Une sage-femme à domicile / Reportage un repas dans le noir
6 / 7 / 8 Le reportage : à Loos-en-Gohelle, du charbon à l’écologie
12 /13 Le poster : les huiles essentielles essentielles !
14/15 Actus : cinquante nouveaux territoires zéro chômeur
16/17 Les lorgnettes : quand le Tour de France devient une obligation / Biodiversité au rabais dans le parc national de forêts
18 / 19 L’atelier : Au jardin / Couture & Compagnie / Cuisiner sans gluten / Le coin naturopathie /
20 / 21 Fiches pratiques spéciales instruments de musique : contrebassine et flûte de pan électrique.
Dossier 3 pages : Liberté, égalité, bonne bouffe !
La transition vers une agriculture écologique, distribuée en circuits plus courts, devient urgente. Dans le même temps, de plus en plus de personnes dépendent de l’aide alimentaire. Comment faire en sorte qu’une nourriture de qualité soit accessible à tous ? Rencontre avec des collectifs, des associations, des communes qui expérimentent une agriculture et une cuisine nourricières et solidaires.