Les écrans n’en finissent pas de pourrir l’ambiance des établissements scolaires et de faire chuter le niveau des élèves. Le gouvernement finira-t-il par l’entendre ?
« On croule sous les demandes ! » Yves Mary est délégué général de Lève les yeux (LLY). Cette association, créée en 2018, a une activité florissante, et pour cause : comme son nom l’indique, elle s’est donné pour mission d’encourager les jeunes à regarder autre chose que leurs chers écrans. Y’a du boulot ! Au cours de la précédente année scolaire, LLY est ainsi intervenue plus de 250 fois, principalement dans des établissements scolaires. Et cette année, elle ne pourra sans doute pas répondre à toutes les demandes, en dépit des 25 intervenant·es qu’elle compte désormais dans ses rangs. Parents, professeurs, personnels de direction… « Il y a un sentiment d’impuissance très fort face à l’invasion des écrans, constate Yves Marry. Le smartphone, notamment, est de plus en plus présent, et de plus en plus tôt. Aujourd’hui, on a même des demandes d’intervention dans des maternelles ! » Intolérance à la frustration, chute de l’attention des élèves désormais incapables de rester concentrés pendant une heure, phénomènes de décrochage scolaire… Le corps enseignant s’alarme. Et puis, il y a les crises, de plus en plus fréquentes, directement liées à ces outils connectés : cyber-harcèlement, vidéos choquantes qui tournent sur des réseaux sociaux, etc.
Assises de l’attention
Tout cela a des conséquences très concrètes sur le bien-être – plutôt le mal-être, d’ailleurs – des élèves, ainsi que sur leur niveau scolaire, en chute libre. L’étude Pisa a ainsi enregistré une baisse spectaculaire du niveau en mathématiques – c’était la discipline étudiée –, tout particulièrement en France. Ici, les profs sont de plus en plus mal payés, les effectifs par classe atteignent des sommets… Les écrans n’expliquent certes pas tout, mais sont assurément un facteur déterminant pour expliquer cet effondrement, comme le pointe d’ailleurs Pisa. Même le ministre de l’Éducation a fini par reconnaître que « nous sommes proches d’une catastrophe sanitaire et éducative chez les enfants et ados ». Mais bien sûr, le très startupiste Gabriel Attal ne parlait que de l’utilisation des écrans à la maison, pas de ceux utilisés en cours…
Des associations, dont LLY, ont sauté sur l’occasion pour interpeller le ministre et l’encourager à dénumériser l’enseignement. Sans réponse, pour l’instant… On donne une idée au ministre : s’il veut prendre pleinement conscience de l’ampleur du problème, il peut se rendre aux 3e Assises de l’attention*, organisées le 27 janvier à l’Académie du climat (Paris 4e) par le collectif Attention.
NB
* Infos et inscription : www.collectifattention.com
Lire aussi notre dossier Attention, le grand hold-up, n°165, septembre 2021.