Avec le Covid et l’augmentation des gaz à effet de serre, la notion d’anthropocène, l’idée que le déploiement de l’extractivisme et de la destruction de la biodiversité nous a fait entrer dans un nouvel âge de la planète, a fortement progressé.
En plus du climat, les dégâts liés l’anthropocène frappent désormais un autre aspect clé de la vie humaine : celui de la santé. Le récent rapport de l’agence intergouvernementale en charge de la surveillance de la biodiversité (équivalent du GIEC pour la biodiversité) est formel. Les déforestations massives, la destruction de la biodiversité, libèrent de plus en plus souvent des virus qui étaient les hôtes d’animaux sauvages et qui désormais sont mis en contact avec les humains. Ils sont et seront à l’avenir à l’origine d’épidémies à répétition.
Comment sauver notre système de santé public ?
Comme le montre l’épidémie du Covid-19, cette situation met au défi les systèmes de santé publique, qui, dans nos pays, en France tout spécialement, ont été mis en crise par trente années de privatisations et d’économies budgétaires.
Un débat public est désormais engagé : comment sauver notre système de santé public, et au-delà nos services publics dans leur ensemble ? Il faudra aller jusqu’au bout de cette réflexion aux enjeux considérables. Il s’agit non seulement de doter nos services publics de moyens financiers, mais aussi de mettre fin à des pratiques managériales ineptes importées du privé, libérer les initiatives des soignants, et assurer une gouvernance partagée donnant toute leur place aux citoyens et aux usagers.
Instaurer un nouveau rapport à la nature
Mais c’est aussi en amont et à long terme qu’il convient d’agir. La tâche est désormais d’instaurer un nouveau rapport à la nature. Préserver et protéger nos grands biens naturels : forêts, océans, atmosphère… et, pour ce faire, les transformer en communs et les gérer comme tels, est désormais une question de survie.
Au-delà encore, ce sont nos modes de production et de consommation, déterminés par les choix des grandes entreprises à la recherche aveugle du profit, qui doivent être radicalement transformés.
Oui, tout l’indique, l’heure est à l’écologie. Mais cette écologie doit être politique au sens où elle doit intégrer l’idée que rien de sérieux ne pourra être fait en matière écologique si l’on ne se défait pas de l’emprise du capital sur la vie sociale.
Benjamin Coriat des Économistes Atterrés.
Vient de publier La pandémie, l’Anthropocène et le Commun, éd. LLL.
Au sommaire du numéro 157
1 / éDITO La complainte du cueilleur de champignons /
Pour passer un Noël sans Amazon
3 / Les pros du vrac luttent contre leurs déchets cachés
4 / Entretien : avec la tontinette, la propriété c’est du vol !
5 / Bure des visages dans le dossier
6 / Reportage dans le Vaucluse : construire pour se reconstruire
12 /13 / Le jeu de la sorcière
14 / 15 / Actus drones et compagnie : disruption sécuritaire
16 /17 / La lorgnette : Main dans la main avec des réfugiés géorgiens /
Au sénégal, les orpailleurs mordent la poussière
18 / 19 / L’atelier au jardin / Couture & Compagnie / Cuisiner sans gluten / Le coin naturopathie
20 / Fiches pratiques : un sapin de noël sans couper d’arbre / Des couronnes de fêtes
Dossier 5 pages : Tous sorcières !
Les bûchers de sorcières, à la Renaissance, ont accompagné l’instauration du capitalisme et marqué la condition des femmes. Aujourd’hui, ces figures rebelles sont convoquées pour changer notre rapport au monde. Magnétiseuse, herboriste, chamane, druide… Témoignages de femmes et d’hommes qui s’affranchissent des normes pour entrer en relation avec les forces de la nature. Entretien avec la philosophe Isabelle Stengers, qui propose de s’appuyer sur l’expérience des sorcières néo-païennes et activistes pour se désenvoûter de « la sorcellerie capitaliste ».