Sept personnes seront jugées en octobre pour « association de malfaiteurs terroriste », sur la base d’éléments disparates recueillis par la DGSI. Un appel à soutien est lancé.
On les appelle « les inculpé·es du 8 décembre 2020 ». Mises en examen pour « association de malfaiteurs terroriste », sept personnes seront jugé·es, du 3 au 27 octobre, devant le Tribunal correctionnel de Paris. Quel était leur projet terroriste ? Le Parquet reconnaît « qu’aucune cible précise n’était identifiée », rapporte Mediapart. Mais le Parlement a adopté de nombreuses lois « antiterroristes » qui permettent de substituer le soupçon à la preuve. Il a donc suffi aux policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), en multipliant les écoutes, filatures et collectes de données, d’accumuler des éléments divers : détention d’armes (de chasse ou dans le cadre d’un club de tir), confection d’explosifs, pratique de l’AirSoft (loisir où l’on utilise des répliques factices d’armes à feu), usage d’outils de communication sécurisés… ou encore blagues privées sur l’envie d’en découdre avec les forces de l’ordre.
Les éléments matériels « s’étalent sur à peine deux mois et concernent des personnes différentes, précise le comité de soutien aux inculpé·es. Ces faits sont soit parfaitement légaux, soit des délits qui relèvent du droit commun ». La DGSI a cependant construit un scénario dans lequel huit personnes fomentaient des « actions terroristes » contre la police, entrainées par Florent D., alias Libre Flot, décrit comme le « leader charismatique » du « groupe ».
Parti au Rojava
Au départ, la police s’est intéressée à lui parce qu’il est allé au Rojava, se battre aux côtés des forces arabo-kurdes de Syrie, contre l’Organisation de l’État islamique (OEI, ou Daech). Dans un article d’avril 2021, Le Monde Diplomatique constatait que, « comble de la perversité », les lois antiterroristes « servent de base juridique pour traquer ceux qui ont voulu combattre le djihadisme en Syrie ».
Deux ans après son retour en France et après plusieurs mois d’enquête, Florent D. est arrêté le 8 décembre 2020. Huit autres personnes, vivant dans différentes régions, sont également mises en examen. Sous le régime spécial de la lutte anti-terroriste, cinq incarcérations préventives se sont déroulées « dans des conditions extrêmes », dénonce le comité de soutien : incessantes fouilles à nu, ou isolement carcéral pendant
15 mois pour Florent D., le dernier à avoir été libéré, suite à une longue grève de la faim. « Si l’État arrivait à une condamnation pour terrorisme, demain, nous serons tou·te·s considéré·e·s terroristes », craint le comité de soutien. Une semaine de mobilisation internationale est proposée du 16 au 23 septembre, avec rassemblements devant les ambassades françaises, consulats ou institutions. Rendez-vous également à Paris, devant le tribunal, les 3 et 27 octobre.
LG
NB : une cagnotte existe pour contribuer aux frais de justice