La guerre commerciale que Trump annonçait vouloir engager semble pour l’instant repoussée. Après avoir quitté l’accord de partenariat transpacifique négocié par Obama, les États-Unis ont annoncé en avril qu’ils étaient prêts à négocier leur réintégration.
Avec l’UE, un nouveau TAFTA est envisagé par les autorités européennes. Mais la surprise est surtout venue de l’annonce d’un accord commercial avec la Chine.
Donald Trump serait-il en train d’opérer une volte-face ?
Il ne faut pas s’y tromper. Le protectionnisme de Trump n’a jamais été pensé comme un outil de régulation du commerce international mais comme une arme de type mercantiliste. En menaçant ses partenaires d’une hausse des droits de douane, Trump se donnait pour objectif de réduire le déficit commercial des États-Unis et d’apporter des gages à une partie de son électorat.
Le protectionnisme a en effet deux visages. Celui que Trump affiche est celui d’un homme d’affaires qui applique à l’échelle des États-Unis les méthodes d’un entrepreneur sans scrupule profitant d’un rapport de force favorable pour imposer à ses partenaires des concessions toujours plus grandes.
Dur avec les faibles, conciliant avec les forts, ce type de politique tend à renforcer plutôt qu’à corriger les travers d’un capitalisme déjà dominé par de puissantes multinationales. C’est aussi un protectionnisme transitoire. Une fois les concessions obtenues, le marché doit à nouveau s’imposer sur le mode d’une concurrence biaisée en faveur des forts.
Vers une disparition des normes…
Sauf que le protectionnisme peut aborder un autre visage, celui qui permettrait de réguler réellement le capitalisme et d’en corriger les défauts les plus criants.
Comment ne pas voir que le coût économique d’un bien va toujours dans le sens opposé à son coût social et environnemental ?
La manière dont la mondialisation fonctionne favorise la disparition des normes. Toute contrainte nationale imposée aux entreprises pour protéger les salariés ou l’environnement se traduit mécaniquement par un coût supplémentaire.
Résultat : les entreprises sont contraintes de délocaliser ou se voient menacées de disparaître. Elles exigent donc la disparition des normes pour s’aligner sur les pays les moins-disants. Ce processus de concurrence destructive qui sacrifie les impératifs de long terme au bénéfice d’une compétitivité de court terme ne peut être évité que d’une seule manière : en imposant aux pays qui ne respectent pas certaines normes élémentaires une taxe compensatoire.
Pourquoi ne pas avoir sanctionné commercialement les États-Unis lorsque Trump décida de se retirer de l’accord de Paris sur le climat ? Pourquoi ne pas exiger de la Chine le respect de la liberté syndicale ?
L’idéologie libre-échangiste est impuissante à corriger les déséquilibres du capitalisme. Réguler la mondialisation et préserver l’avenir implique d’être capable d’agir sur le commerce international, non pour avantager les puissants, mais pour préserver les règles et les normes.
David Cayla, économiste atterré.