La plus grande partie des vêtements que nous achetons en France. Ils sont fabriqués par des multinationales qui ont délocalisée leurs productions vers des pays où le coût de la main d’oeuvre est faible et les droits sociaux quasi inexistants.
Sur une paire de basket Nike, par exemple. La part réservée à la rémunération de la main d’oeuvre représente des miettes par rapport à l’ensemble des coûts de l’entreprise. La quasi-totalité étant empochée par la marque et les distributeurs. Pour augmenter leurs parts de marché, ces derniers se livrent à une concurrence sans merci et font pression sur les entreprises sous-traitantes.
Ces dernières qui acceptent de se plier à leurs injonctions, enfreignant au besoin la loi.
Les conditions d’hygiène et de sécurité sont déplorables dans les ateliers de fabrication; les ouvrières travaillent plus de 12 heures par jour, six jours sur sept. Et ne bénéficient bien souvent d’aucune protection sociale et touchent parfois des salaires inférieurs au minimum légal pratiqué dans le pays.
[su_quote]L’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh le 24 avril 2013 a suscité un choc international, rappelle le collectif Éthique sur l’étiquette.
Pourtant, depuis, aucune mesure tangible n’a été prise pour tenir responsables les multinationales des atteintes aux droits humains fondamentaux causées par leur activité à travers le monde.[/su_quote]
Après le drame, un fonds d’indemnisation a été créé. A l’initiative des syndicats, des ONG et de l’organisation internationale du travail (OIT). Sous la pression citoyenne, les marques de vêtements qui font appel à des fournisseurs au Bangladesh l’ont alimenté.
Sans pour autant reconnaître leurs responsabilités.
Ainsi, Auchan, dans un communiqué du 3 avril 2014 (1), avait écrit :
« La responsabilité de la catastrophe est celle de ceux qui ont obligé les salariés à travailler dans un immeuble ne respectant pas les normes d’urbanisme locales et présentant des risques visibles d’effondrement. »
Autrement dit, on ne veut pas savoir, on s’en lave les mains.
Une prise de conscience s’est opérée au niveau international, pour une meilleure application de normes sociales et environnementales dans les chaînes de sous-traitance. Qui doit maintenant se concrétiser, note Éthique sur l’étiquette.
Le 31 mars 2015 a été vécu comme une victoire. Après deux années de mobilisation militante visant à responsabiliser juridiquement les multinationales. En effet, ce jour-là, la proposition de loi relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d’ordre a été adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale.
[su_quote cite=”Ethique sur l’étiquette”]Ce texte impose aux grands groupes d’adopter un plan de vigilance pour prévenir les atteintes aux droits humains et à l’environnement que pourraient causer leurs activités en France et à l’étranger. [/su_quote]
Il a un poids juridique.
En cas de manquement à cette obligation de vigilance et en cas de dommage. Leur responsabilité pourra être engagée devant le juge. Mais c’était sans compter sur le Sénat qui, lors de l’examen du projet de loi, le 13 octobre dernier en deuxième lecture, « a voté des amendements qui le vident de sa substance ».
Éthique sur l’étiquette, qui souligne que cette loi est à l’étude depuis trois ans. Et en appelle au gouvernement pour « sauvegarder l’esprit » du texte et mettre tout en oeuvre afin que «le processus aboutisse (rédaction du décret inclus) avant la fin de l’année 2016 »(2).
Nicole Gellot
1 – L’industrie textile face aux questions éthiques, étude réalisée par www.latelierdecouture.com en partenariat avec Sciences-Po.
2 – Parallèlement, le collectif a lancé une pétition sur Avaaz : halte à l’impunité des multinationales.
Au sommaire – Numéro 113 :
- ÉDITO : Responsabiliser les multinationales
- Restauration solaire : premier restaurant à propulsion solaire
- PORTRAIT : Emma, prisonnière des ondes
- LECTURE : Fukushima pour tous
- Infographie : pour une grammaire non sexiste
- ACTUS : Sivens – à la recherche du dialogue / Le sénat s’oppose au bio dans les cantines
- LA LORGNETTE : Fin des pesticides dans l’espace public / la pub et le cerveau
- FORUM : L’appel d’un électrosensible
- FICHE PRATIQUE : Préparer ses laits végétaux
- DOSSIER : Mourir, oui, mais écolo !
Nos pratiques funéraires sont sources de diverses pollutions.Mais des alternatives existent pour réduire l’empreinte écologique de nos dépouilles : cimetières végétalisés, cercueils en carton recyclé, humusation des corps…