Depuis plus de 20 ans, des projets de modification génétique d’animaux existent et sont mis sur le devant de la scène. Alors que ces projets semblaient au point mort, ils se transforment depuis deux ans en production industrielle.
L’implication de la nouvelle pieuvre transgénique, Intrexon, dans les entreprises qui portaient ces projets, expliquerait-elle ce soudain regain d’intérêt ?
Exemple : Aquabounty a modifié génétiquement un saumon pour qu’il grossisse plus vite.
Ce saumon transgénique a dû affronter une polémique et son autorisation a tardé. Curieusement, quelques mois après le rachat d’AquaBounty par Intrexon, les autorisations tombent et AquaBounty.
Ainsi alors au bord de la faillite, investit dans une ferme piscicole de l’Indiana, aux États-Unis, pour la modique somme de 14 millions de dollars.
Moustiques stériles et veaux clonés
Autre exemple, Oxitec a modifié génétiquement des moustiques pour les rendre stériles. Afin de tenter d’éliminer le vecteur de plusieurs maladies (dengue, zika, chikungunya, etc.).
Ainsi plusieurs essais ont été réalisés dans plusieurs pays : île Caïman, un paradis fiscal britannique, la Malaisie, le Brésil et le Panama. D’après les résultats d’Oxitec, un lâcher de quelques milliers d’individus permet de diminuer fortement la population sauvage. Mais ces lâchers doivent être réalisés en permanence. Et la disparition d’une espèce comme les moustiques n’est qu’une utopie technophile de plus.
Oxitec a, elle aussi, été rachetée par Intrexon. Ainsi elle a pu investir des millions dans une usine qui pourrait produire, chaque semaine, 60 millions de moustiques transgéniques.
La « pieuvre » Intrexon a aussi investi des sommes importantes pour acheter des entreprises spécialisées dans le clonage animal, et notamment Trans Ova Genetics.
Cette société vend aux États-Unis des centaines de veaux clonés par an, et propose de cloner votre chat ou votre chien.
Spécialisée initialement dans la biologie de synthèse, Intrexon a décidé il y a quelques années d’intégrer sous sa coupe l’ensemble des domaines des biotechnologies. On la retrouve aujourd’hui dans les thérapies cellulaires et génétiques, les agrocarburants produits par des micro-organismes OGM, ou encore l’alimentation animale. Au niveau agricole, les ingénieurs d’Intrexon sont en train de mettre au point deux « nouvelles » technologies.
La première, Florian™, est une sorte de commutateur génétique pour réguler le moment de la floraison.
Elle pourrait être utilisée : « pour réduire le risque environnemental lié à la dissémination du pollen des cultures OGM vers les plantes sauvages»…
En ce qui concerne ActoBiotic™, il s’agit d’une modification génétique qui vise à palier la résistance actuelle des insectes aux insecticides et plantes Bt.
Christophe Noisette
Sommaire du numéro 122 – Septembre 2017 :
- Édito : S’émanciper du calendrier
- L’usine des mille vaches bouge encore
- Prêts à désobéir : des militants se forment à l’indiscipline
- Entretien : « Parmi les réfugiés, les femmes paient le plus lourd tribut »
- Livre : Assa Traoré, une longue marche vers la vérité
- Reportage : Quand la boulangerie s’invite au collège
- Infographie : Monnaies locales : comment ça marche ?
- LES ACTUALITÉS : Journée violente à Bure – En Roya, le tunnel de la corruption
- M. RIVASI « avec l’obligation vaccinale, on joue sur la peur »
- Ondes électromagnétiques : les tests pipés de la téléphonie mobile
- FICHES PRATIQUES : faire son récupérateur d’eau de pluie – Préparer des petits déj’maison