Dans le Nebraska, au centre des États-Unis, situé au coeur de la région des Grandes Plaines et du Midwest. Du maïs Enogen, génétiquement modifié pour être plus facilement utilisable comme éthanol, a contaminé des champs de maïs blanc, destiné directement à l’alimentation humaine.
L’alerte a été donné par Derek Rovey, propriétaire d’un silo. Il a détecté la présence de maïs transgénique dans la récolte que plusieurs de ses clients lui avaient livrée. Si l’origine de la contamination n’est pas déterminée avec précision, il précise que certains champs contaminés étaient voisins de champs «Enogen».
Enogen (ou SYN-E3272-5) contient un transgène issu d’une bactérie (hermococcales spp.) qui produit une enzyme, l’alpha amylase, laquelle permet de dégrader l’amidon du maïs en sucre. La production d’éthanol à partir de maïs conventionnel demande l’ajout d’un liquide qui contient cette enzyme. L’intérêt économique d’un tel maïs est donc évident : simplification du travail et économie sur l’adjuvant.
Quant à ses effets sur la santé humaine en cas d’absorption…
Cet incident vérifie, à nouveau, que la coexistence des filières OGM et non OGM est impossible.
Syngenta, propriétaire du maïs Enogen, aurait pourtant tout mis en oeuvre pour assurer une étanchéité des filières : un guide de bonnes pratiques a été rédigé et oblige les agriculteurs sous contrat à cultiver du maïs non Enogen autour de leur champ, à stocker ce maïs dans des silos séparés, à nettoyer les machines utilisées pour le semer ou le récolter, etc.
Syngenta, indirectement, renvoie donc la faute sur les agriculteurs qui n’auraient pas respecté leur catéchisme. Pour autant, Syngenta n’a procédé à aucune enquête pour trouver l’origine de la contamination. Et éventuellement retirer le contrat à ceux qui n’auraient pas respecté ces bonnes pratiques.
LES CONTAMINÉS ASSUMENT LES PERTES
Pour les agriculteurs contaminés, la perte économique est importante : ils sont obligés de vendre leur maïs contaminé destiné à l’alimentation humaine moins cher, sur les marchés de l’alimentation animale ou de l’éthanol. Et si l’un d’entre eux avait été certifié «bio», la perte aurait été encore plus importante. Car les OGM sont formellement interdits même pour l’alimentation animale.
En mai 2017, Syngenta annonçait qu’environ 40 % du maïs cultivé aux États-Unis était destiné à la production d’éthanol.
Christophe Noisette,
Inf’OGM
Sommaire du numéro 120 – Juin :
- ÉDITO : Terres agricoles et emploi “même combat”
- ADN : Fichage exponentiel
- Atelier paysan : Autonomie technologique
- ENTRETIEN : Le renard un animal utile et traqué
- Lectures : Dialogues en forêt / Roman d’anticipation écolo
- Reportages : La Roya : un autre ND-des landes
- BD : Des artistes à La Roya
- LES ACTUALITÉS : De plus en plus sexy, Linky ?
- LA LORGNETTE : Chili, foot et Palestine / Entretien avec Bernard Friot : “le salaire à vie”
- FICHES PRATIQUES : Jardin : un bac à arceaux multi fonctions / des sirops maison