L’Alsace est la seule région de France où les bouteilles sont encore consignées à grande échelle.
Les brasseries Meteor et Kronenbourg (qui est propriétaire de Kanterbräu) partagent le même parc de bouteilles et de caisses en plastique permettant leur collecte et leur livraison.
C’est sans doute le fait que plusieurs entreprises l’aient maintenue ensemble, ainsi que la proximité avec l’Allemagne où tout est consigné, qui a fait que la consigne n’a pas disparu dans la région.
Simon Baumert, de Zéro Déchet Strasbourg.
Créée il y a trois ans, l’association vient de lancer le Réseau Alsace Consigne, aux côtés de brasserie Meteor et des embouteilleurs d’eau Carola et Lisbeth. L’objectif est de rendre la consigne plus visible et de mieux la valoriser. Cependant même si elle est toujours d’actualité en Alsace, elle a connu des jours meilleurs.
Exemple, en trente ans, les volumes de vente de bouteilles consignées, chez Meteor, ont été divisés par trois.
Malgré cette diminution, 25 millions de bouteilles en verre sont encore consignées chaque année en Alsace.
En 2009, les industriels alsaciens se sont posé la question de l’avenir de cette pratique. La brasserie Meteor a alors commandé une étude pour comparer l’impact environnemental de ses bouteilles consignées, et de ses bouteilles à usage unique. Celle-ci a conclu que sur les six facteurs étudiés (utilisation d’énergie primaire, émission de gaz à effet de serre, acidification de l’air par SO2, consommation d’eau, déchets recyclés et déchets non triés), l’impact de la bouteille jetable est beaucoup plus important que celui de la bouteille consignée (entre 35 et 90 % de plus selon les facteurs).
Elle a aussi relevé que l’âge moyen des bouteilles consignées en circulation est de 6 à 7 ans. Les plus vieilles d’entre elles sont âgées de 17 ans !
Cette étude a permis de montrer qu’il se passe des choses en Alsace, et que la consigne a un réel intérêt environnemental. C’est intéressant, car cette question n’est pas celle qui prédomine chez les consommateurs qui utilisent la consigne. Les gens continuent parce qu’ils ont toujours fait comme ça.
Ils sont aussi attachés à l’idée de consommer régional.
Nous voulons valoriser ce geste environnemental fort, et mettre en évidence le fait que la consigne représente des emplois non délocalisables.Simon Baumert, de Zéro Déchet Strasbourg.
Un logo commun et une carte des points de vente avec consigne sont en cours de création.
Le Réseau Alsace Consigne souhaite aussi mettre en place : des magasins pilotes exemplaires en termes de visibilité de la consigne : il ne faut pas que la machine soit reléguée dans un coin. Il faut que le consommateur la voie.
Après la période de creux d’il y a dix ans, la consigne suscite, comme partout en France, un regain d’intérêt de la part de citoyens qui veulent consommer autrement». Et certains industriels alsaciens y sont également attachés.
Et ont décidé de s’y investir : « Je suis salarié de Zéro Déchet Strasbourg grâce aux financements des entreprises », souligne Simon Baumert.
Lisa Giachino
Au sommaire du numéro 142 :
- Édito : Parole !
- Geneviève Legay, jusqu’à la victoire !
- Courrier et concombres
- La Réunion : un grand projet utile
- Soudan : Alaa Salah icône de la révolution
- Entretien avec un décrocheur de portrait
- Livre : Pour une révolution dans la mer
- Festival curieuses démocraties
- Ma petite entreprise les teintures de Magali
- Reportage : Toulouse : la rive gauche résiste
- La carte de la diagonale du vide
- Actu : Incertitudes sur le projet de mine d’or en Guyane / La certification bio en danger
- Pollution de l’air : L’État sur la sellette / Les rebelles du climat
- Lorgnettes : Éleveurs : dernière sommation / Le déploiement des antennes 5G
- L’atelier au jardin, Rubrique à bec, La pause Qi Gong, Jouons z’un brin 19 / Le forum
- Fiches pratiques :
- Fabriquer ses éponges / Construire une ruche-tronc
DOSSIER 4 pages : L’abeille n’est pas une vache à miel