L’âge de faire co-édite, avec les éditions Rouquemoute, un livre de bande dessinée qui réunit les strips de B-gnet parus dans le journal. Son avant-propos revient sur la naissance de notre collaboration avec le dessinateur, et de ses trois personnages.
En septembre 2016, comme cela arrive régulièrement dans un journal, l’équipe de L’âge de faire décide de changer de maquette, c’est-à-dire de modifier la mise en page. Chaque métier ayant son propre jargon, on commence par dessiner un monstre, sur lequel un chemin de fer prendra place. On décide de nouvelles chroniques, on trouve une façon de placer la titraille, on fouille pour dénicher des polices d’écriture libres de droit, avec leurs différentes fontes et les spécificités du français comme l’accent circonflexe et la cédille. Et comme on aime les blagues, le second degré et le format strip qui est spécifique à la presse, nous partons en quête de la personne qui nous fera marrer chaque mois en 4 cases, avec une contrainte : L’âge de faire consacre chaque mois entre 4 et 10 pages à un dossier, et le strip devra se rapporter au sujet de ce dossier. Ce qui n’est pas toujours un cadeau, car les sujets sont extrêmement variés, allant du cannabis à la bicyclette en passant par la 5G, la psychiatrie et l’anarchie…
Nous sommes assez vite tombés sur B-Gnet, grâce à ses dessins dans Fluide Glacial. Le style, l’humour, on a été emballé, alors on lui a demandé s’il serait intéressé. Et il le fût. Nous l’avons alors intégré à l’ours du journal.
Pendant les deux premières années, il nous a régalé d’une série avec un patron et son secrétaire, sortes de Mr Burns et Smithers* à la française. Puis à partir de septembre 2018, il a proposé de changer de personnage, et de publier en noir et blanc. C’est la série que nous vous proposons aujourd’hui dans ce beau petit livre.
Décalé, délirant, décidé parfois et volontiers fainéant, cet animal nous promène dans la Nature, dans son jardin, ou simplement dans son salon, mais la ville n’est jamais loin. Au gré des cases, il pointe les contradictions de notre société connectée, artificielle, et se régale du fais-le-toi-même, quitte à en dégoûter ses proches. En effet, dès la deuxième planche, apparaissent deux « loulous », sortes de Riri et Fifi souffre-douleurs, qui subissent gentiment les idées farfelues de notre anti-héros. Ces trois-là auraient des BD de Gaston Lagaffe dans leurs toilettes que nous ne serions pas étonnés…
D’où sortent ces créatures ? De la tête de B-Gnet, tout simplement… Le coupable s’explique : « J’avais ce personnage qui trainait dans un coin, mais sans histoire autour. Il ne parlait pas et à la base il ne ressemblait pas tout à fait à ça mais plutôt à un lémurien, puis à un loup, ce n’était pas défini, c’était juste une bête qui s’est humanisé pour s’adapter aux strips. C’est son côté hors du système, même dans la taxonomie. En le mettant en situation, il s’est mis à vivre, comme ça arrive parfois quand ça se passe bien. J’ai fini par lui coller deux gamins pour qu’il ne parle pas tout seul tout le temps.
Il me ressemble de plus en plus, ou alors c’est moi. J’ai toujours porté des vestes à capuche (mais je mets un pantalon). Quand j’ai commencé ces strips, je ne vivais pas à la campagne. Aujourd’hui je vis dans le Cantal : je peux lui ressembler de plus en plus. D’ailleurs, on me prête parfois des enfants d’à peu près la même taille (en plus humains) pour augmenter la ressemblance. Sinon, existentiellement, on est très proche, à part qu’il est moins stressé. » Ça c’est vrai qu’elle est pas stressée, sa bestiole !
* Le patron d’Homer Simpson et son secrétaire, dans la série Les Simpsons.