Depuis janvier, Les Dévalideuses combattent le validisme sur Twitter. Ce mot, qui a inspiré le nom du collectif, est encore mal connu du grand public et même des personnes handicapées. Il décrit leur oppression dans notre société, guidée par l’idée qu’elles sont inférieures aux personnes valides. Les Dévalideuses ont donc publié 31 conseils pour changer les choses, tels que « Je demande l’accord d’une personne handicapée avant de l’aider ».
Elles sont ensuite passées à la vitesse supérieure pendant l’épidémie de coronavirus, dénonçant par exemple le fait que la « dépendance dans les actes de la vie quotidienne » soit un motif de refus de réanimation.
Mais dénoncer les préjugés validistes n’est pas le seul objectif des Dévalideuses. Les huit femmes se sont d’abord rassemblées en constatant le « manque de visibilité des femmes handicapées à l’occasion des marches organisées par Nous Toutes et dans les milieux féministes en général », raconte Céline Extenso (nom d’emprunt), membre du collectif. Or les femmes handicapées sont elles aussi concernées par les luttes féministes : elles sont « encore plus victimes de violences conjugales et leur dépendance financière à l’égard de leur conjoint est souvent très forte », rappelle la militante.
La rencontre entre féministes valides et handicapées « fait parfois de petits électrochocs ». « Notre statut de femme est très difficile à imposer, on est considérées comme sans sexualité et sans genre », constate Céline Extenso, alors que les femmes valides subissent plutôt une sexualisation de chaque instant. Autre choc sur l’avortement : « Les femmes valides se battent pour conserver ce droit et contre l’injonction à la parentalité. Nous, on subit l’injonction inverse à avorter. Si on veut devenir parent, on nous infantilise et on nous répond qu’on n’a pas besoin de ça ! Les féministes valides et handicapées ont des choses à apprendre les unes des autres », conclut-elle.
Laure Delacloche
Numéro 153 – Juillet-Août 2020
Levons le pouce !
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Dossier 4 pages : Levons le pouce !
À l’heure des sites de covoiturage, l’auto-stop est presque devenu marginal et effrayant. Pourtant, certains continuent de lever le pouce, pour voyager écolo à travers le monde, aller faire leurs courses ou s’amuser entre potes. Malgré l’attente au bord de la route, les détours inattendus et les averses de pluie, les auto-stoppeurs carburent toujours aux expériences et aux rencontres. Ce qui les rend simples, joyeux. Et libres !