La France a mis en place un système de protection sociale relativement généreux : couverture médicale universelle, prestations familiales, retraites publiques, allocations chômages. Celui-ci a été complété par un système de minimas sociaux, surmonté par la prime d’activité. La crise sanitaire a ajouté à ce dispositif l’extension du chômage partiel.
Certaines failles mériteraient d’être comblées : la précarisation de l’emploi doit être combattus, les faux autoentrepreneurs doivent avoir droit à une protection sociale complète, la sous-traitance doit être limitée, le temps partiel subi doit pouvoir être transformé en temps plein à la demande du salarié, les agriculteurs doivent bénéficier d’un revenu minimum (de l’ordre du SMIC). Le droit à l’emploi doit être garanti : les chômeurs de longue durée doivent se voir offrir, selon le cas, une retraite à taux plein, une formation, un emploi de dernier ressort. Une allocation spécifique (cotisant pour la retraite) doit être offerte aux jeunes à la recherche d’un premier emploi ; les étudiants doivent largement bénéficier de bourses revalorisées. Les allocations chômage doivent dépendre des derniers salaires de temps plein et la durée de versement ne doit pas dépendre de la durée cotisée.
1 050 euros par mois
Le RSA doit être revalorisé, versé automatiquement : il est maintenant possible de suivre en temps réel l’évolution du revenu de chacun ; cela doit permettre de garantir à chaque ménage un revenu minimum, qui devrait être supérieur au seuil de pauvreté (1 050 euros par mois par unité de consommation), du moins pour les familles avec enfants, les personnes engagées dans une formation ou une recherche d’emploi.
Dans cette optique (1), la mise en place d’un revenu universel n’est pas une bonne piste. Son coût sera exorbitant s’il s’agit de verser à chaque personne 600 euros par mois (300 pour les enfants) : 425 milliards d’euros, soit en net 360 milliards (compte-tenu de 85 milliards d’économies de prestations), ce qui obligerait à augmenter la CSG de 26 points, ce qui n’est pas crédible. Les classes moyennes auraient du mal à accepter une telle hausse, même si elle est partiellement compensée par ce versement de 600 euros. Cette prestation ne sortirait pas ses bénéficiaires de la pauvreté. Pour ne pas que leur revenu baisse par rapport à l’existant, il faudrait prévoir des suppléments pour les handicapés, les personnes âgées, les salariés en chômage total ou partiel et maintenir les aides au logement. Le système ne serait pas simplifié. Il est possible de mieux aider les plus pauvres à moindre coût, en ciblant vers eux des aides spécifiques.
Henri Sterdyniak, animateur des Économistes Atterrés.
1 – Beaucoup de projet dits de « revenu universel » préconisent en fait un revenu minimum garanti. .