En voulant retracer le passage à l’âge adulte d’Opio, un jeune burkinabé de 13 ans qui descend dans les galeries d’une mine d’or, Simon Panay réalise un film poignant : Si tu es un homme, en salles à partir du 1er mars.
C’est un film qui nous emmène à 250 mètres sous la terre. L’histoire d’Opio, un gamin de 13 piges, forcé de descendre dans une mine pour payer les frais de scolarité et intégrer une formation professionnelle en soudure. Sous la poussière du soleil ou les flammes de la nuit, nous voilà à suivre sa quête d’une vie meilleure. Évidemment, elle passe par le travail. Le jour, il quitte les machines et son poste de casseur de cailloux pour le calme flippant des galeries. La nuit, c’est le moment de vendre son or, et de se faire arnaquer par les vendeurs.
Voilà le bon cinéma : celui qui respire et qui laisse le temps à l’image de parler. On écoute ses discussions avec son père, on lit la peur sur son visage lorsqu’il descend pour la première fois, comme un presque grand.
La moitié des écoles fermées
Dans la mine d’or de Perkoa, au Burkina-Faso, les enfants triment, loupent l’école, oublient leur propre vie pour celle de leur famille. La force du documentaire, c’est aussi un rappel, parfois cruel, au présent. En avril 2022, huit miniers ont été bloqués dans la mine de zinc de Perkoa après l’éboulement des galeries souterraines. Leurs corps sans vie ont été retrouvés plusieurs mois plus tard. C’est aussi un regard posé sur des milliers de parents pauvres qui ne peuvent pas envoyer leurs enfants à l’école…
Depuis 2014, le Burkina-Faso est touché par l’insécurité et près de la moitié des écoles du pays sont désormais fermées. Dans les zones tenues par les groupes djihadistes, il n’y a plus d’école depuis de nombreuses années. La suite est encore moins reluisante. Au fil des minutes, on comprend qu’Opio n’arrivera pas à payer son école. Une cagnotte Leetchi a été lancée par le réalisateur Simon Panay pour aider, pour de vrai, le jeune homme.
Clément Villaume