Une commission d’expert·es préconise de ne pas donner d’ordiphone aux enfants de moins de 13 ans, voire 15. Pour accompagner ces restrictions, il faut proposer des alternatives au tout écran afin d’occuper les jeunes.
Le moral des jeunes n’est pas au beau fixe (1). Les raisons sont multiples, mais il semble bien que l’hyperconnexion soit la cause principale de ce mal-être, selon un rapport consacré à la question et dont nous avons déjà parlé le mois dernier. La commission d’expert·es qui a réalisé ce travail ne se contente pas de dresser cet (alarmant) constat, elle émet aussi des propositions pour tenter d’améliorer la situation. Il est notamment recommandé d’ « assumer et organiser une progression des usages des écrans et du numérique chez les enfants en fonction de leur âge ». Il faudrait par exemple « renforcer la recommandation » de ne pas exposer du tout les enfants de moins de 3 ans, et celle de limiter au maximum cette exposition jusqu’à l’âge de 6 ans.
Le premier téléphone portable – et non ordiphone – ne devrait pas être donné avant l’âge de 11 ans. « Cet âge correspond à une étape importante dans la vie du jeune qui sort progressivement de l’enfance et prépare son entrée dans l’adolescence. »
« REDONNER TOUTE LEUR PLACE AUX ENFANTS »
L’arrivée du premier ordiphone, quant à elle, ne devrait pas intervenir avant l’âge de 13 ans. Cette question a visiblement suscité des débats au sein de la commission, certain·es prônant plutôt l’âge de 15 ans : c’est l’âge d’entrée au lycée, c’est aussi l’âge avant lequel les jeunes sont censés ne pas avoir accès aux réseaux sociaux. Finalement, la préconisation se porte sur 13 ans, « sans inciter pour autant à un équipement » dès cet âge-là (2).
Mais dans leur introduction, les membres de la commission précisent que ces recommandations doivent être considérées comme un tout cohérent qui doit être appliqué dans son intégralité. Ces restrictions devraient par exemple s’accompagner de mesures visant à « peupler l’espace public d’alternatives aux écrans pour les enfants, et redonner à ces derniers toute leur place, y compris bruyante ». Il revient aux pouvoirs publics de créer ces alternatives (bibliothèques, associations, MJC…) mais aussi aux adultes de tolérer la présence parfois turbulente des marmots. Dix jeunes qui font un match de basket, c’est vrai que ça fait plus de bruit que s’ils étaient hypnotisés par leur ordiphone, mais c’est quand même plus sympa, et c’est bien meilleur pour leur santé. Alors supportons sans râler : ils finiront bien par se fatiguer, ces petits salopiots !
Nicolas Bérard
1- Lire la chronique Grrr-ondes de L’âdf n°196.
2- Signalons qu’une fois équipé d’un ordiphone, il n’est jamais trop tard pour s’en séparer !