Une plate-forme numérique pour échanger de graines, des grainothèques pour créer des animations autour des semences, des parrainages de variétés par les gardiens de semences… L’association Graines de troc sème à tout vent.
La tomate Saint-Jean d’Angely, la fève du marais de Bouin, la laitue Kléber… Ces variétés locales étaient sur le point de disparaître, parce qu’un paysan était parti à la retraite ou parce que, transmise par une grand-mère, on avait oublié leur nom. Heureusement, elles ont été retrouvées ou récupérées par Sébastien Wittevert, fondateur et directeur de l’association Graines de troc. Cultivées, multipliées, ces petits trésors enrichiront à leur mesure la biodiversité.
Lui, la graine l’a fait sortir de la finance du marché et lui a mis les deux pieds dans la terre. Reconverti maraîcher, il s’est tourné vers l’autonomie semencière et a été touché par la grâce : « leur capacité à renaître, l’énergie qu’elles ont, la diversité des formes… Les graines sont à la base de tout, notre alimentation, nos fleurs, nos arbres… »
« Donner le virus »
Soucieux de partager son émerveillement, Sébastien Wittever a créé en 2012 une plate-forme en ligne pour accéder aux semences, encourager les échanges afin de renouveler la diversité génétique et propager les variétés dans une dynamique locale. Sur la toile, les graines issues de 9 000 variétés différentes ont attiré 30 000 utilisateurs et généré 90 000 échanges depuis la naissance de la plate-forme. Graines de troc a initié quelques centaines de grainothèques, souvent accueillies dans des médiathèques.
Mais attention, « une grainothèque est un prétexte pour faire vivre la question de la graine par l’organisation, de trocs, débats, ateliers d’extraction de semences… Ce n’est pas juste une boîte », prévient Sébastien Wittever. Pour diffuser des graines devenues rares et « donner le virus », l’association a, plus récemment, créé le projet Gardiens de semences, qui permet à des personnes de parrainer une variété. « On commence souvent avec une laitue. Ensuite, selon les connaissances en hybridation et sélection, on augmente le niveau de rareté de la semence confiée. » Les gardiens de semences reçoivent un petit lot de graines et s’engagent à donner à l’association la moitié de leur récolte de semences.
Nicole Gellot