Les enfants passent trop de temps devant les écrans. Une étude vient le confirmer, sans toutefois nous révéler toute l’ampleur du problème.
Menée par l’Institut national d’études démographiques (Ined) et l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), Elfe* est la première étude française étudiant l’exposition des tout petits aux écrans. Elle a ainsi recueilli des données auprès des parents de 13 528 enfants – un échantillon donc très conséquent – afin d’estimer leur temps d’exposition à 2 ans, 3 ans et demi et 5 ans.
Bilan des courses : les enfants de 2 ans passaient en moyenne 56 minutes chaque jour devant un écran (télé, ordinateur, smartphone, etc.), alors que l’OMS préconise de les en épargner totalement. Les marmots de 3 ans et demi s’y collaient quotidiennement pendant 1h20 et ceux de 5 ans pendant 1h34, alors que l’OMS préconise de ne pas dépasser 1 heure d’exposition à ces âges.
La surexposition est donc bien réelle, et cela alors que « des effets délétères de l’usage d’écran dans l’enfance et la petite enfance ont été mis en évidence dans la littérature. Des études font notamment état d’un risque accru de surpoids et d’obésité, et de difficultés dans le développement du langage et du développement cognitif associés à l’usage des écrans ». Il ressort également assez nettement de cette étude que l’exposition des enfants est liée au niveau d’instruction des parents – en l’occurrence celui de la mère, le seul qui a été pris en compte dans cette enquête. Ainsi, plus le niveau d’instruction de la maman est faible, plus le temps passé devant les écrans est important.
DES DONNÉES PRÉ-CONFINEMENT
Bien que les résultats n’aient été publiés qu’en avril de cette année, les données ont été collectées entre 2013 et 2017, ce qui laisse présager que les durées d’exposition sont encore nettement plus importantes aujourd’hui. L’étude Elfe tente l’optimisme : « Les écrans portatifs comme le smartphone et la tablette s’étant fortement développés durant la décennie 2010, on pourrait s’attendre à une augmentation du temps d’écran, mais ce serait ignorer que les messages de prévention à l’intention des jeunes enfants se sont eux aussi multipliés sur cette période. »
Mais n’est pas naïve non plus : « de nouvelles enquêtes nationales sont nécessaires pour quantifier les évolutions récentes », notamment pour savoir ce que révélerait une étude similaire menée dans un monde post-covid et post-confinements. Ce serait sans doute pas très beau à voir…
Nicolas Bérard
* Temps d’écran de 2 à 5 ans et demi chez les enfants de la cohorte nationale Elfe, publié dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France n° 6, 12 avril 2023.