Aux États-Unis, des jeunes décident d’abandonner leur smartphone pour reprendre possession de leur vie.
« Le jour où j’ai eu un téléphone à clapet, tout a changé. J’ai commencé à me servir de ma tête. » Lola est lycéenne à Brooklyn. Elle fait partie du Club des luddites, réunissant des adolescents du coin qui, comme elle, ont décidé de déserter les réseaux sociaux et d’abandonner leurs smartphones. Interrogée par The New York Times Style Magazine*, la jeune femme explique avoir pris conscience que « les réseaux sociaux et les téléphones portables, ce n’est pas la vraie vie ».
D’où l’idée de créer un groupe : « Nous détestions tous nos smartphones et ce qu’ils induisaient : l’utilisation incessante des réseaux sociaux, le scrolling sans fin, les posts et les selfies. Aucun d’entre nous ne voulait rester un screenager [Ado hyper connecté, accro à son ordinateur ou ordiphone, Ndlr], mais on avait du mal à prendre du recul. Nous avons donc créé le Club pour créer un espace où nous pourrions mettre de côté nos petits ordinateurs et vivre sans eux. » Ainsi est né le Club des luddites, dont le nom fait référence aux briseurs de machines anglais du début du XIXe siècle. Il réunit une dizaine de personnes : on n’en est pas encore à la grande désmartphonisation du monde, mais c’est déjà ça !
RETOUR EN GRÂCE DU TÉLÉPHONE IDIOT
D’autant que, parallèlement, quelques stars remettent au goût du jour les « dumb phones » – téléphones idiots, ainsi appelés par opposition aux « téléphones intelligents », ou smartphones. Un article de France Inter rapporte que la chanteuse Rihanna et son collègue Ed Sheeran y sont revenus, ainsi qu’Anna Wintour, rédactrice en chef du magazine américain Vogue et, bien que totalement inconnue de la rédaction de L’âge de faire, décrite comme « la grande prêtresse de la mode ».
L’ordiphone est-il en passe de devenir le comble de la ringardise ? Et, par opposition, le téléphone à clapet deviendrait-il le must de la branchitude ? Le mouvement est encore frémissant, mais suffisamment important pour que l’industrie décide de réagir. Ainsi, le fabricant Apple vient d’annoncer qu’il allait commercialiser un smartphone pliable… Une tentative pour récupérer la clientèle séduite par la mode du clapet ? Sans doute, mais espérons que cette stratégie aboutisse à un cuisant échec, puisque les motivations exprimées ne font pas état de la morphologie de l’appareil, mais d’un rejet du smartphone et de l’hyperconnexion qui l’accompagne. Quant à nous, continuons à faire passer le message : « Ouvre ton clapet, balance ton smartphone ! »
Nicolas Bérard