« Une vache enfermée dans une stabulation, maltraitée, donnera un cuir très fin. La fibre du cuir d’une vache élevée en plein air sera beaucoup plus solide. » Frédéric Salé aime l’élevage en plein air parce qu’il aime la qualité. Installé en Aveyron, près du plateau de l’Aubrac, il a la chance de pouvoir travailler avec de la bonne et belle peau de vache pour confectionner ses souliers.
Frédéric Salé est en effet chausseur-bottier. De son atelier sortent chaque mois 20 à 30 paires, « selon qu’il s’agit de modèles sur mesure ou de modèles de confection ». Il a créé une collection distribuée par des boutiques – « on ne vend pas du tout en ligne » – mais 80 % de son activité repose sur de la vente à l’atelier, basé à Saint-Côme d’Olt, village d’un millier d’habitants, situé à 45 minutes de Rodez et à 2 heures de Toulouse… « Il y a des locaux, bien sûr, mais aussi des clients qui viennent de loin. »
Ado, j’ai suivi ma mère chez un cordonnier
Des touristes, mais pas seulement : des personnes qui connaissent le savoir-faire de l’artisan, rare, et qui sont prêtes à faire plusieurs centaines de kilomètres pour trouver chaussure parfaite à leur pied. C’est en 2019 que Frédéric, approchant la cinquantaine, a lancé son entreprise… après avoir travaillé dans la godasse depuis ses 14 ans. « Ado, j’ai un jour suivi ma mère chez un cordonnier. Ça m’a fasciné. »
Aujourd’hui, pour découper et coudre le cuir, coller les semelles en gomme recyclée, nouer les lacets de Cholet ou encore transformer les chutes en porte-monnaie, Frédéric s’est entouré de deux salariés qu’il a formés. Malgré cela, « on est obligé de refuser du travail, c’est quand même dommage ». Alors, l’entreprise Aubrac bottier va déménager son atelier et Frédéric embaucher encore, pour produire plus… « Quatre salariés maximum : je tiens beaucoup à ce que l’entreprise reste à échelle humaine. »
Fabien Ginisty