Dans un petit village de Meurthe-et-Moselle, Mathilde confectionne de bons fromages de chèvres bio. Du lactique, des tomes, des bûches, des « chtrebeudeus»… Rencontre avec l’éleveuse passionnée au beau milieu de l’hiver lorrain.
À peine arrivée à Lalœuf , en Meurthe-et-Moselle, la Mathilde débarque dans l’encadrement de la porte de la chèvrerie. Derrière elle et son fier sourire, le bêlement des « filles » en train de grignoter du bon foin de l’année. La Mathilde, c’est le prénom de Mathilde Grifaton, l’éleveuse de chèvres. Comme nous sommes en Lorraine, on met toujours « le » ou « la » avant le prénom, c’est comme ça.
La Mathilde, c’est aussi le nom de sa fabrique fermière de bons frometons. Dans la petite étable, 34 chèvres alpines, de couleur marron, boulottent leur repas. Tous les jours, la Mathilde passe avec son chariot de traite pour récupérer quelques dizaines de litres de lait. « Tu as de la chance, elles seront taries la semaine prochaine. » Avec les gelées de ces derniers jours, les chèvres ne donnaient déjà plus beaucoup.
CARESSES, MERCIS ET FROMETONS
Les chèvres ont accès de mars à décembre à une dizaine d’hectares de prairies situées juste derrière le bâtiment. Mais là, l’hiver est bien arrivé. Elles sont rentrées au chaud. C’est le moment de préparer la litière. Nous voilà à grimper à l’échelle pour dépiauter une grosse botte de paille. Par une trappe, on empoigne une fourche et on étale son contenu sur le dos de nos biquettes. En bas, une chèvre s’est fait la malle. Installée sur le quai de traite à l’écart des autres, elle regarde désormais ses copines boulotter sans elle, le regard un peu déçu. « Avec les biquettes, on fait équipe et on se rend mutuellement heureuses. Elles m’offrent leur lait, et en échange je leur offre des caresses et des mercis. »
Clément Villaume
Photo : @ L’âdf