Remplacer un conducteur humain, qui marche à l’énergie renouvelable, par du matériel high tech connecté fonctionnant à l’électricité : la voiture autonome n’a rien d’écologique.
Tout au bout de la logique de transition écolo prônée par les géants de la tech, se trouvent les voitures électriques autonomes. Dans les « villes intelligentes » de demain, l’air sera pur et les voyages en bagnole totalement décarbonés grâce à ces machines, qu’il suffira de faire rappliquer en bas de chez soi à l’aide de son smartphone avant de se laisser conduire à bon port. Seulement voilà : les véhicules partagés, intensément utilisés et vous conduisant là où vous le souhaitez sans que vous n’ayez à toucher le volant, existent depuis longtemps. On les appelle des… « taxis » !
LA BELLE MACHINE HUMAINE
Principale différence entre voitures autonomes et taxis, ces derniers réclament des chauffeurs. L’intérêt de rendre les véhicules autonomes est finalement bêtement économique : se passer de la nécessité de rémunérer un vulgaire humain.
Car, sur le plan environnemental, il n’y a pas photo. En effet, l’aspect « autonome » des engins high tech consiste à remplacer le conducteur par une armada de capteurs, d’algorithmes, d’échanges permanents de données… Tout cela représente une importante consommation de matières premières lors de leur fabrication, et d’énergie lors de leur utilisation. Pour avoir un ordre d’idée, citons l’entreprise Intel, qui indique qu’un million de véhicules autonomes « exigeraient autant d’échanges de données que trois milliards de personnes connectées sur leurs téléphones ou leurs tablettes » !
Et l’humain au volant ? Contrairement aux antennes-relais, aux capteurs et aux data-
centers, le taximan consomme une énergie 100 % renouvelable : le solaire ! Ainsi, « un être humain consomme entre 2.500 et 3.000 kilocalories par jour sous forme d’aliments. Toute cette énergie vient du Soleil, par les plantes et les animaux »*. Une fois ingurgitées, ces calories peuvent être transformées en « énergie mécanique utile », le rendement du convertisseur humain étant d’environ 20 %, ce qui en fait « le plus élevé du règne animal. Celui du cheval, par exemple, qui a joué un rôle majeur dans les systèmes énergétiques, ne dépasse pas 10 % »*.
Terminons en rappelant que les déplacements les plus écolos restent ceux qui se font à pied ou à vélo : la véritable machine écolo du futur, c’est l’humain autonome !
Nicolas Bérard
Illustration : Leonetto Cappiello, 1918, @GALLICA
* Jean-Claude Debeir, Jean-Paul Deléage et Daniel Hémery, Une histoire de l’énergie, éd. Flammarion.

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